C'est dans l'enceinte de la Maison de la culture de Souk El Tenine que le Club aéronautique de la plaine (CAP) a tenu, le 6 novembre, son assemblée générale ordinaire. La réunion, à l'issue de laquelle Bouzid Boumezoued a été réélu à la présidence du CAP, aura permis aux nombreux intervenants de porter un regard rétrospectif sur plusieurs années d'existence. Malgré les innombrables demandes formulées, le seul ULM dont dispose le CAP, un vieux Chickinox offert par des aviateurs français de passage en Algérie, se retrouve à Adrar, cela après avoir « squatté » pendant plusieurs années un hangar de l'aéroport de Béjaïa. Excepté quelques rares vols de gala, Souk El Tenine n'a jamais été en mesure d'accueillir l'avion d'un club qui porte son nom. Pourtant, le terrain susceptible de permettre les rotations aériennes et, éventuellement, d'accueillir une structure d'hébergement existe. Il s'agit d'une petite bande d'envol, homologuée depuis bien longtemps par la direction de l'aviation civile (DAC), située à l'une des extrémités d'un complexe agricole en ruine. « Malgré nos multiples demandes de rétrocession, accompagnées d'expertises qui ont toutes clairement mis en évidence la nature marécageuse et stérile de cette parcelle inexploitée, les dirigeants du Cazel (le complexe agroalimentaire qui a hérité de ce terrain) n'ont jamais daigné nous tendre ne serait-ce qu'une oreille attentive », se plaint l'un des membres fondateurs du club. Souscrivant pleinement à l'implantation du CAP dans sa commune d'origine, le P/APC de Souk El Tenine a néanmoins précisé que « le transfert de ce terrain au profit de l'aéroclub ne peut se faire que sous l'autorité du wali ». Absence de terrain mais aussi, et surtout, inexistence d'un cadre légal adapté à la pratique et à l'entretien de l'ULM. En effet, il a fallu attendre ces dernières semaines pour que « le ministre des Transports signe l'arrêté interministériel portant réglementation de l'ULM », regrette M. Boumezoued, et d'ajouter que selon des sources fiables, « le ministère de la Défense nationale ne tardera pas à adopter la même démarche de reconnaissance ». Un potentiel négligé Cela étant, en dépit de tous les obstacles rencontrés, le CAP ne semble pas perdre le nord. Pour ce qui est de la formation des pilotes, le président fraîchement réélu, qui exerce les fonctions de contrôleur aérien à l'aéroport Abane Ramdane de Béjaïa, nous apprend qu'un « recueil de cours théoriques instructeurs ULM, utilisé par (leurs) deux premiers pilotes instructeurs en France (à Poitiers) et enrichi des spécificités concernant l'espace aérien algérien, est d'ores et déjà disponible et n'attend plus que son homologation par la DAC ». Léger, pratique, d'un coût d'exploitation relativement réduit et d'un entretien extrêmement simple, l'ULM, pour peu que les conditions nécessaires à son développement soient réunies, peut connaître un essor fulgurant. Traitement phytosanitaire, opérations de sauvetage, déploiement de banderoles publicitaires ou, plus en rapport avec l'actualité, participation à la lutte antiacridienne, les perspectives sont aussi nombreuses que variées. Au sujet de la lutte engagée contre l'invasion des criquets, l'un des principaux parrains de l'aéroclub de la plaine, un membre d'une entreprise de prestation de services aériens, s'interroge sur le recours à l'affrètement, par l'intermédiaire de la compagnie Tassili Airlines, d'appareils polonais : « Alors qu'il était initialement prévu que nous participions, au moyen de notre ULM (un Letov), à cette vaste campagne de protection des cultures, les responsables de l'Institut national de protection des végétaux (INPV) ont subitement mis un terme à notre accord, via un simple coup de fil et sans fournir la moindre explication. »Parallèlement aux nombreuses promesses de sponsoring exprimées par d'importants acteurs économiques de la région de Béjaïa, « nous comptons mettre à profit les deux journées sur l'aviation civile, prévues pour février 2005 et qui pourraient être parrainées par la présidence de République, pour démontrer que nos petits avions ouvrent la voie à une résurrection des aéroclubs », promet cet opiniâtre héritier d'Icare.