La raison de l'inactivité du Comité, actif autrefois, est due aux financements qui n'arrivent pas. Le président du CRA, Ben Zeguir, relève que la situation actuelle s'explique par « la période de perturbation que connaît le comité ». Le Croissant-Rouge Algérien (CRA) n'est pas encore sorti de l'ornière, en dépit des changements organiques opérés par le ministère de la Solidarité nationale. La « Meidet el hilel » organisée durant la période hivernale n'aura pas lieu comme ce fut le cas, d'ailleurs, lors du mois de Ramadhan. « La tradition veut que l'on serve une soupe consistante pendant tout l'hiver. Cette tradition ne sera pas respectée cette fois-ci du fait qu'on fait face à des problèmes de financement. Nous n'avons pas réussi à ramasser l'argent nécessaire à pareille opération », relève Bensmina Tahar, président du Comité local d'Alger du Croissant-Rouge. Refusant de montrer du doigt une quelconque partie, il rappellera, néanmoins, que l'organisation humanitaire, « sous perfusion depuis quelque temps », a toujours « roulé » avec les dons des particuliers. « Ce n'est plus le cas actuellement et je n'arrive pas à m'expliquer cette situation ». Cette solidarité qui ferait défaut a été aussi mise en avant lors du mois de Ramadhan où le CRA n'a pu assurer les repas du f'tour dans ses dix points de restauration. « Ce n'est que vers la fin que le Comité national a consenti à nous donner de l'argent et ainsi on a pu sauver la face. Seul endroit à avoir reçu des nécessiteux, le point de restauration de la rue Mulhouse à Alger-centre qui a pu ouvrir durant la dernière décade », relève M. Bensmina. Plus organisé en raison de l'existence d'un centre sur place, le Comité de Dar El BeIda a pu assurer les repas durant une longue période. Le responsable fait remarquer que ces jours-ci, rien de spécial ne marque le travail du Comité, hormis les quelques stages de secourisme. Pour M. Bensmina, les volontaires sont « décontenancés par la situation actuelle. » « La plupart, d'ailleurs, se trouvent en période d'examen ou sont occupés par leur travail », insiste-t-il. Le conflit entre le Croissant et le ministère de la Solidarité nationale, considéré comme sa tutelle financière, en est-il pour quelque choses ? Ou encore, le gel des comptes décidé par la justice ? M. Bensmina a refusé de se prononcer. De son côté, Hadj Hamou Ben Zeguir, nouvellement installé à la tête du CRA, assure que « les dysfonctionnements connus par le Comité d'Alger sont consécutifs à la phase de perturbation. » Géré depuis 2005 par un comité provisoire, le Croissant n'a élu son président qu'en 2007. Des anomalies ont été constatées dans le travail du Comité d'Alger par les services du ministère de la Solidarité nationale. L'enquête de la police économique, dont a parlé M. Ould Abbas en septembre 2007, a permis la mise en accusation de l'ex-président par intérim, Mohamed Salah Badouna. Le mis en cause vient d'être condamné à deux ans de prison avec sursis assortie d'une amende. Les dépenses « abusives » du Comité de wilaya en sont les raisons. M.Djamel Ould Abbès a toujours voulu tailler des croupières aux membres « dissidents » de l'organisation humanitaire. Ceux-ci ont considéré que le fait de mettre en coupe réglée leur organisation, nuirait au travail sur le terrain. Le ministre semble avoir eu gain de cause puisque l'installation des nouveaux organes s'est déroulée sous sa houlette, lui qui considère le Croissant comme une organisation humanitaire « auxiliaire de l'Etat ». La séparation de la gouvernance et de la gestion a été décidée et inscrite dans le nouveau statut adopté. Cinq instances sont chargées de la gouvernance alors que la gestion revient à un secrétaire général rémunéré.