Certains responsables CRA touchaient jusqu'à 300.000 dinars d'indemnités par mois, alors qu'ils étaient censés faire du bénévolat. Des «dérives» et des «anomalies financières» ont été relevées dans la gestion du Croissant-rouge algérien (CRA) avant 2005. C'est le ministre de la Solidarité nationale, le Dr Djamel Ould Abbès qui le révèle. Hier, lors de la tenue de l'assemblée générale du CRA, le ministre est revenu avec plus de détails sur cette affaire. Il était clair sur la nature de la relation qui liera dorénavant cet organisme à son département. «J'ai constaté des anomalies. Il y a eu une enquête de la police économique et l'affaire est actuellement en justice», a affirmé le ministre, lors d'une conférence de presse animée en marge de l'assemblée. Plus explicite, Ould Abbès déclare qu'il y a eu «abus de biens sociaux et des dilapidations de deniers publics». Il a tenu, durant la conférence, à expliquer davantage les anomalies constatées en avançant plusieurs exemples. Selon lui, suite à l'enquête menée, il a été découvert que 41 comptes sont ouverts au niveau des banques au nom du CRA. «Nous avons découvert aussi que le financier du CRA avait détourné non seulement du dinars mais aussi de la devise», a-t-il dit. Autre accusation: «certains responsables du Croissant-rouge touchaient jusqu'à 300.000 dinars d'indemnités par mois, alors qu'ils étaient censés faire du bénévolat». Le premier responsable du secteur n'a toutefois fourni aucune information sur l'identité des personnes concernées par cette procédure. «Ce qui s'est passé en une courte période dépasse l'entendement», a lancé le représentant de l'Exécutif. Cependant, sur le préjudice financier causé, le ministre n'a avancé aucun chiffre. D'autres explications sur la relation entre les deux institutions ont été avancées. Ainsi, le ministre dira qu'il y a eu le nouveau décret 98-319 du 6 octobre 1998 complétant celui de 1962 qui éclaire les missions du CRA et sa relation avec les pouvoirs publics. Le ministère est tenu d'apporter toute son aide et son soutien à cet organisme à la lumière de ce décret. «Le CRA n'est pas sous la tutelle directe du ministère de la Solidarité nationale. Une relation de travail sur le plan extérieur et intérieur lie les deux, mais, c'est nous qui le finançons. Nous lui donnons de l'argent et nous voulons savoir où il va», se justifie-t-il. En effet, qui finance, contrôle. Et le ministre d'ajouter: «Cette ONG est auxiliaire des pouvoirs publics comme le stipule le décret et les nouveaux statuts seront scindés entre la bonne gouvernance et la gestion matérielle du CRA. Cet organisme restera sous l'oeil du maître avec des contrôles réguliers de ses activités». En revanche, Ould Abbès précise que «nous n'avons jamais rompu nos relations ave la Croix-rouge. Il y a eu seulement un programme de secourisme initié par cet organisme et qui n'a pas été appliqué». A la cérémonie d'ouverture de l'AG du CRA, le ministre de la Solidarité nationale a déclaré qu'il ne pouvait s'empêcher «de manifester sa réprobation aujourd'hui à l'égard des dérives qui ont vidé cette importante organisation de sa démarche philosophique et de sa substance organique pour en faire un moyen au service de privilégiés». Aujourd'hui, le ministre affirme que les choses se sont améliorées. «Nous avions opéré un toilettage de l'institution de manière à lui rendre son opérationnalité effective, à en assainir le patrimoine et à l'étoffer aux moyens humains nécessaires», a-t-il expliqué. La mise en place en janvier 2005 d'un comité de direction provisoire du CRA par les pouvoirs publics «a été imposée par la gabegie qui s'était installée indécemment et insolemment dans notre organisation» a poursuivi le ministre. «Les comités locaux auront été de véritables chevilles ouvrières pour écarter les indus occupants des lieux et les faux bénévoles», a souligné M.Ould Abbès. Il précise que l'AG du CRA, qui devait se tenir en septembre 2004, n'a pas eu lieu à cette date à cause justement des dépassements constatés. Le ministre de la Solidarité a assuré que les travaux de l'assemblée générale se déroulent selon les lois de la République après autorisation du gouvernement, du ministère de l'Intérieur et la désignation d'un huissier de justice par le tribunal de Chéraga. A l'issue de cette AG, M.Hadj Hamou Ben Zguir a été élu nouveau président du Croissant-Rouge algérien. «Le CRA est une agence humanitaire. Il est le bras opérationnel de l'Etat dans le domaine de la solidarité», a-t-il relevé. Le CRA n'avait, rappelle-t-on, plus de président depuis le décès de M.Abdelkader Boukhroufa, fin 2004.