La conférence internationale de Bali s'est clôturée la semaine dernière par une série de promesses et d'engagements. Ahmed Djoghlaf est actuellement cadre des Nations unies où il occupe le poste de directeur exécutif chargé des questions environnementales. Participant à la conférence, il s'exprime. Quel bilan tirez-vous de la conférence de Bali ? En premier lieu, il faut savoir que c'est une conférence extraordinaire qui a réuni quelque 10 000 participants, dont l'objectif consistait à trouver une réponse internationale au défi climatique. Plus de 600 journalistes ont couvert sur place l'événement, ce qui renseigne de l'impact médiatique de la conférence de Bali. D'ailleurs, nous pouvons dire qu'aucune conférence n'a eu autant d'écho médiatique que la conférence de Bali. Il s'agit de la 13e conférence, la première a eu lieu en 1995. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que la conférence de Bali est la première à réunir des chefs d'Etat. Ce faisceau d'indices suffit à indiquer de la prise conscience mondiale sur les risques encourus pour les prochaines décennies mais également de l'urgence à entreprendre une action concertée Quel est l'un des événements des plus marquants ? Le chef du gouvernement australien, juste après sa prise de fonction, a remis les lettres d'acceptation du traité de Kyoto. Encore plus important, il a été créé un ministère pour les changements climatiques. Je crois qu'il n'y a que trois pays au monde avec des ministères des Changements climatiques. Un des autres faits marquants réside dans la prise en charge par le secrétaire général des Nations unies de la question environnementale au même titre que les affaires de sécurité… Sans oublier la présence d'Al Gore et du président du GIEC qui sont arrivés à Bali au lendemain de la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix lors de laquelle ils ont été les récipiendaires. Toute cette attention a permis les résultats avec la pression de l'opinion publique. C'était donc impossible de bloquer les décisions On a l'impression que rien de concret n'a abouti... Il fallait lancer ces négociations pour les finir en 2009 et surtout éviter un flottement en 2012 lorsque le traité de Kyoto arrivera à son terme. Les pays européens, vous le savez, veulent réduire leur émission de gaz à effet de serre à hauteur de 20% d'ici à 2020 et 40% d'ici à 2050. Et il va y avoir dorénavant du changement en Australie, et les Etats-Unis vont changer de président en 2008, il faut laisser le temps au temps. Le monde prend position et c'est ce qui a conduit l'Australie à changer de fusil d'épaule lorsqu'on sait que les Australiens ont connu cette année la pire sécheresse de leur histoire et que 60% de la population considèrent que l'environnement est important. Même topo en France où l'on a pu observer que le pacte écologique de Nicolas Hulot a fait l'unanimité de tous les candidats à la présidence Le Canada a fait barrage lors de la conférence et a dénoncé l'implication des pays émergents dans l'émission de gaz à effet de serre. Qu'en pensez-vous ? Ce n'est pas une attitude responsable. Il faut savoir qu'un citoyen en Tanzanie émet toute sa vie ce qu'un citoyen britannique émet en une journée, de gaz à effet de serre. Et puis, les pays industrialisés ont une responsabilité historique puisqu'ils sont responsables de l'état de déliquescence dans lequel se trouve la planète aujourd'hui. Il y a une question d'éthique. La réunion de Copenhague pourra tenir compte de ces éléments pour aboutir à un accord collectif de la communauté internationale. Il ne faut pas oublier que ce qui permet de réduire l'émission de gaz à effet de serre se trouve justement dans ces pays émergents comme les forêts d'Amazonie qui sont de véritables puits d'absorption. Ces pays doivent avoir les moyens pour continuer à protéger ces forêts et poursuivre cette action bénéfique. Les pays en voie de développement sont déjà donateurs de cette biodiversité grâce à leur tourbière et leur zone humide. Il doit y avoir un partenariat avec des contributions inégales mais solidaires pour l'enjeu des changements climatiques.