L'épisode de la délocalisation de la rencontre Paradou AC-MC El Eulma (superdivision) programmée lundi au stade Falek à Hydra avant d'être domiciliée au stade du 20 Août, le même jour, a suscité beaucoup de réactions au sein des états majors de clubs de l'antichambre de l'élite. Tous s'accordent sur un point. « La ligue nationale n'a pas agi en tant que structure responsable, chargée de veiller au respect des intérêts de la compétition. Modifier le lieu d'un match à 6 heures de son coup d'envoi est une aberration qui doit valoir à ses auteurs un renvoi pur et simple », martèle un ancien dirigeant retiré sous sa tente. Son point de vue semble largement partagé par ses pairs sollicités pour exprimer leur sentiment sur cette affaire. Larbi Oumamar (président de la section football de l'ASM Oran) souligne : « C'est une décision difficile à comprendre. Les organisateurs de tournoi interquartiers n'agissent pas avec pareille désinvolture. La ligue nationale doit assumer ses responsabilités et cela commence d'abord par la reprogrammation de la rencontre. Quelle est la ligue au monde qui peut changer le lieu d'un match 6 heures avant le coup d'envoi ? Le football algérien n'avait pas besoin de cette parodie. Je rappelle que l'ASMO a demandé à la ligue d'avancer d'une heure le match face au CSC. La ligue n'a pas accepté notre doléance. On demande à la ligue nationale de respecter tous les clubs et la réglementation », conclut le dirigeant oranais. Qu'est-ce qui se passe au niveau de la ligue nationale de football ? C'est la question que se posent les acteurs du football en Algérie. Cette instance donne l'impression, depuis quelque temps, de patauger. Cette énième affaire n'est pas sans laisser un sentiment d'indignation et de colère chez des dirigeants de clubs de cette division. Contacté, le président du CSC, M. Bouhlassa s'est dit « solidaire avec les dirigeants du PAC et que le seul fautif dans cette histoire reste la ligue qui devait prendre ses dispositions et penser à l'intérêt des clubs qui lui sont affiliés ». Et d'ajouter : « L'affaire PAC-MCEE est un précédent grave, et la LNF est encore une fois passée à côté de son sujet. On a l'impression qu'elle n'est pas libre de ses décisions et qu'elle n'a pas les coudées franches. Personnellement, j'ai l'impression que certaines personnes essaient d'influencer les décisions avec les résultats que l'on connaît. » Berrahail, président du MOC, abonde dans le même sens et déclare : « Qui aurait accepté de changer de stade à quelques heures d'une rencontre ? Nous ne l'aurions pas fait non plus. La ligue a montré beaucoup de carences cette année et je donne pour exemple la programmation infernale dont sont victimes tous les clubs de la DII. La cadence est infernale et la ligue ne semble pas se soucier des détails scientifiques, c'est-à-dire de la récupération et la formation… » Le vice-président du MSP Batna ne mâche pas ses mots non plus en qualifiant cette affaire de « catastrophe pour le football national, qui n'avait pas besoin de sombrer plus… C'est une honte pour les gens qui sont derrière de telles décisions ». Même son de cloche du côté de l'OM Arzew comme le précise son président Boubekeur Radja. « Nous avons appris avec stupéfaction le changement de domiciliation de la rencontre PAC-MCEE, surtout du côté facteur temps. C'est du jamais vu dans les annales de cette division. La décision ne repose sur aucun socle réglementaire et nous souhaitons vivement l'intervention rapide de la FAF pour mettre fin à ce dérapage », met en garde le dirigeant de l'OMA. Le président de l'USM El Harrach, Mohamed Laïd, estime : « Ce n'est pas sérieux, cette histoire de changement de domiciliation. Je signale que l'USMH a été la première victime de cette pratique à l'occasion de la rencontre MOB-USMH. La ligue nous a informés que le match aura lieu à Bordj Bou Arréridj. Les joueurs étaient à l'hôtel à Bordj lorsque la LNF nous a saisis pour nous informer que finalement la rencontre se jouera à Béjaïa. Il était 11 heures. Il aurait été plus judicieux pour toutes les parties que la ligue reporte une seconde fois le match PAC-MCEE et s'accorder un temps pour domicilier ce rendez-vous sans faire de mécontents, comme c'est, malheureusement, le cas aujourd'hui. J'ajoute que les personnes qui siègent au sein de la commission de discipline n'ont rien à voir avec le football. Le scandale, justement, c'est qu'on leur permet de juger le football et ses acteurs alors qu'ils n'y sont pas qualifiés. Il est temps que les clubs se ressaisissent afin qu'il y ait enfin des gens compétents à la ligue. » Le président du MC El Eulma a un avis totalement différent de celui de ses collègues. Il dira : « Cette rencontre doit rester dans son contexte. Le MCEE, qui a accepté le premier report pour des raisons évidentes, s'attend à un verdict juste et équitable d'autant que le forfait de l'adversaire a été signalé par les officiels ainsi que les services de sécurité qui étaient présents tout comme le public. » Cette affaire n'aurait jamais vu le jour si la ligue nationale avait pris soin, préalablement à la reprogrammation de la rencontre citée, de solliciter l'accord de la partie qui a demandé le renvoi du match prévu le 14 décembre et qui a été renvoyé à la suite des attentats du 11 décembre. Cette absence de réflexe de la part de la ligue nationale lui coûte ce dossier brûlant. C. K., K. B., L. B., Y. O.