Un mois après les élections, les choses continuent à tourner en rond à Ouled Heddadj, une commune de la daïra de Boudouaou dans la wilaya de Boumerdès, qui vit une situation de blocage. L'opposition de 6 élus au P/APC qui est soutenue par 4 autres, continue et promet de ne pas s'arrêter là. Les élus contestataires ont même créé un cas sans précédent dans l'histoire de cette APC. En effet, dès la proclamation des résultats et « ayant senti le danger », disent-ils, 3 élus du FFS et El Islah démissionnent de leur parti pour rejoindre les deux autres élus RND, formant ainsi la majorité absolue pour prétendre à la présidence de l'assemblée. Ils s'opposent à la nomination de M. Chenachi « parce qu'il est poursuivi en justice pour des affaires relatives à la gestion de l'APC », nous disent-ils. M. Bida, élu du FFS, ex-adjoint de M. Chenachi, nous dira que c'était lui qui avait commencé à dénoncer l'ex-maire par intérim, avant que la justice ne décide d'examiner son cas. Les élus de l'opposition nous disent que « Chenachi est allé jusqu'à accorder un détachement dans une antenne fictive de l'APC dite ‘antenne Ali Boucif' à l'un de ses élus qui recevait 35 000 DA comme salaire mensuel ». « Il a continué d'être payé durant trois années », précise-t-on. « Nous avons alerté le chef de daïra lorsqu'il est venu l'installer sur le fait que M. Chenachi était sous le coup d'une poursuite judiciaire mais le commis de l'Etat a préféré ne pas tenir compte de nos doléances, cédant à la tentation de livrer l'APC à des gens poursuivis pour une gestion floue », dit S. Djida, l'ancien adjoint de M. Chenachi. La question qui se pose est la suivante : si le maire était réellement poursuivi en justice, comment l'a-t-on autorisé à se porter candidat ? « Nous sommes élus pour défendre l'intérêt de la population et nous ne voulons pas nous rendre complices de détournement, corruption, favoritisme et autres tares. Les chalets ont été attribués d'une manière obscure, les projets de développement local ont souffert de blocages multiples et de chantage, nos routes sont encore impraticables pour ne citer que ces cas-là », s'indignent les élus qui promettent de ne jamais laisser Chenachi gérer encore une fois les affaires de Ouled Heddadj. Celui-ci a préféré se dérober pour ne pas avoir à s'exprimer sur ce sujet. En effet, depuis la semaine dernière, il nous fixe des rendez-vous qu'il n'honore pas en prétextant à chaque fois qu'il était « en réunion » ou en ignorant nos appels téléphoniques. Le mouhafedh FLN de Boumerdès, M. Si Youcef, nous a déclaré que le candidat incriminé n'est pas poursuivi en justice et que la situation sera débloquée dans quelques jours. La commune de Léghata sans exécutif Par ailleurs, rien ne semble marcher depuis les élections du 29 novembre 2007 à l'APC de Léghata, à une trentaine de kilomètres à l'est de Boumerdès. Le groupe majoritaire, issu de l'ex-parti unique, est rongé par les luttes intestines dont les origines remontent à la période de confection des listes. En effet, en dépit de la majorité absolue des sièges obtenus par ce parti, soit 5 sièges sur 9, cette commune est sans exécutif. Tout a commencé, selon des militants de ce parti, avec le refus des responsables du parti de la liste qui a été adoptée à l'unanimité par les membres de la kasma locale. Ces derniers affirment qu'« en imposant M.Amari comme tête de liste en remplacement de M.Lamdaoui, qui a été choisi par l'ensemble des militants, les responsables du parti ont violé le règlement intérieur et les statuts du parti ». « M.Amari occupait la 22e place dans la liste présentée par la kasma », indique un militant de ce parti. Par ailleurs, dès l'annonce des résultats, trois des cinq élus ont opté, selon le PV d'installation et conformément aux articles 17 et 48 du code communal, pour Ali Lamdaoui comme futur président d'APC. « Les membres de la liste qui a obtenu la majorité des sièges désignent un élu de leur liste comme président d'APC », prévoit l'article 48 du code communal. A cela l'on peut ajouter le soutien et l'alliance des autres partis avec le candidat précité. Ce bloc de sept élus (3 FLN, 2 HMS, 1 RND, 1 FNA) s'est manifesté avec un procès-verbal d'un huissier de justice datant du 11 décembre dernier dont une copie est en notre possession pour l'installation de l'exécutif. Mais le chef de daïra refuse, selon eux, à ce jour d'installer la nouvelle assemblée pour des raisons qui restent « inavouées ». « Nous avons demandé l'application de la loi », assène M. Lamdaoui. De leur côté, les partisans de M.Amari soulignent que la victoire du FLN n'est qu'une preuve de la popularité de ce dernier. Ceux-ci parlent désormais, pour étayer leurs propos, de 1200 voix favorables qui ont été obtenues à l'issue d'une pétition pour sa réélection pour la troisième fois consécutive. Pour les autres citoyens, cette situation « sciemment préparée ne profite qu'aux tenants du pouvoir, y compris les deux parties en conflit ». K. O., R. K.