Un vent de changement souffle sur le secteur de la poste et des technologies de l'information et de la communication. Ainsi, après avoir opéré à l'installation des nouveaux PDG de Mobilis et Djaweb, la filiale internet d'Algérie Télécom, Boudjemaâ Haïchour, ministre du secteur, s'apprête à faire remplacer aujourd'hui le PDG du groupe Algérie Télécom, Slimane Khireddine. Ainsi, un quatrième PDG sera à la tête de cette névralgique entreprise, classée deuxième derrière Sonatrach, après Messaoud Chettih et Brahim Ouaret. Dans l'entourage de l'entreprise, on se dit surpris par cette décision car rien n'indiquait que le concerné allait quitter ses fonctions aussi précipitamment. Il faut rappeler qu'il a hérité d'une situation quelque peu catastrophique et qu'il a pu mettre de l'ordre dans une société qui avait du mal à trouver ses repères. Khireddine Slimane a pris officiellement sa fonction de PDG d'Algérie Télécom le 8 octobre 2006, après avoir été au poste d'intérimaire pendant quelques mois. Le ministre a insinué dès la nomination du nouveau PDG de Mobilis qu'il y aura une série de changements pour « donner du souffle et un dynamisme nouveau au secteur », prenant la précaution d'affirmer à chaque fois que « ces décisions ne doivent pas être assimilées à des sanctions » ou interprétées « comme un désaveu implicite ». La petite phrase est passée inaperçue mais elle prend un sens nouveau après cette série de nominations. Les observateurs ont du mal à croire que le ministre a simplement sacrifié à la tradition et qu'il est mû uniquement par l'intérêt d'injecter du sang neuf pour dégripper la machine des réformes. Le groupe évolue dans un contexte d'intensification de la concurrence. Il possède un portefeuille complet d'activités (fixe et mobile, internet et satellite) tourné vers tous les segments de clientèle (grand public, PME/PMI, grandes entreprises, institutions d'Etat et opérateurs) et tous types d'usages (personnels, domestiques et professionnels) dans la plupart des contextes (domicile, bureau, déplacement, mobilité). Ces actifs lui donnent les meilleurs atouts pour répondre aux attentes des clients et développer une offre intégrée de services de communication. Le groupe Algérie Télécom dispose ainsi d'un potentiel de croissance très important aussi bien du point de vue potentiel humain que ressources réseaux. Il emploie plus de 26 000 travailleurs dont plus de 60% sont des ingénieurs et des techniciens aux compétences avérées dans les technologies les plus récentes en matière de mise en œuvre et d'exploitation de réseaux. De plus, les activités du groupe et le secteur des télécoms en général génèrent plus de 200 000 emplois indirects dans différents secteurs, l'installation, les services (KMS, cybercafés, centres d'appels) et la distribution. Le réseau terrestre totalise plus de 40 000 km en faisceaux hertziens numériques (FHN) et 30 000 km de fibre optique en technologies (SDH et DWDM) pour des capacités allant de 2,5 à 80 Gbits. En ce qui concerne les réseaux GSM et satellitaire, le premier couvre 96,7% du territoire national avec 19 MSC et plus de 4000 BTS et le second, connecté à plusieurs satellites tels que Intelsat, Panamsat, Arabsat, Eutelsat et bientôt Rascom (Satellite régional africain), assure une couverture globale du pays et peut honorer le raccordement d'environ 2500 stations VSAT pour les services de téléphonie et de l'Internet. Le groupe Algérie Télécom a grossi et il est devenu la convoitise des grands opérateurs mondiaux qui veulent soumissionner dans le cadre de l'ouverture de son capital qui pourrait intervenir en 2008. Un dossier confié de nouveau à la banque d'affaires espagnole Santander. L'opérateur émirati Etisalat est intéressé par l'ouverture ainsi que l'opérateur historique français France Telecom qui voudrait être épaulé par un partenaire « du monde arabe ». C'est du moins ce qu'a déclaré récemment Didier Lombard, le patron de l'opérateur français au Financial Times. Aucune décision n'a été prise concernant la part du capital qui serait cédée au futur acquéreur ni d'ailleurs la date précise de lancement de l'opération de privatisation. Le ministre avait aussi affirmé à maintes reprises que 40 manifestations d'intérêt ont été formulées. Si un tel engouement se manifeste, c'est que derrière cette privatisation partielle, il y a de gros sous à empocher, pour ne pas dire que ces opérateurs veulent ramasser le pactole. L'Algérie est un pays à fort potentiel de développement et cela les postulants l'ont parfaitement compris et ils sont prêts à mettre le prix et à faire du lobbying. Ils anticipent aussi les évolutions : il y a une grande demande d'Internet, l'ouverture économique est propice à l'extension de réseaux sans oublier le lancement de la 3G dans la téléphonie mobile, prévu aussi en 2008. Le chiffre d'affaires global généré par les activités du secteur a atteint près de 260 milliards de dinars à fin septembre 2007, contre 29,3 milliards de dinars en 2000. Il y a également tous les contrats à décrocher dans le cadre de la réalisation des projets de grande envergure et d'un impact socioéconomique considérable (réseaux intranet des entreprises, e-commune, e-école, modernisation des systèmes de paiements...) en plus de l'ADSL qui constitue la bataille de tous les jours. Algérie Télécom est une composante essentielle du processus d'édification de la société de l'information, de la communication et du savoir.