L'ouverture anarchique du marché national, tous créneaux confondus, et l'inondation des étals de produits, à la qualité souvent douteuse, se sont, au fil du temps, traduites par la multiplication de cas d'intoxication, surtout alimentaire et médicamenteuse. Aujourd'hui, le marché de la contrefaçon représente 7 à 10 % de celui des médicaments. C'est dans le souci d'assurer une prise en charge efficace, et en phase avec les normes universellement établies, que l'Algérie s'est dotée de 4 centres régionaux antipoison. Ainsi, après Alger, Oran, Ouargla et Annaba, la wilaya de Béchar a été inscrite pour bénéficier, à son tour, d'un centre régional antipoison. Celui de Annaba vient d'être réceptionné. Une équipe de médecins, pharmaciens et maîtres-assistants, formés en toxicologie, a été affectée pour répondre à toutes demandes d'informations, aide et assistance en cas d'intoxication. Il suffit d'appeler le n° vert suivant : 038 80 55 52, pour savoir la conduite à tenir avant l'intervention des services d'urgence. Des opérateurs téléphoniques ont été formés pour assurer cette mission, laquelle semble être bien accomplie, si l'on se réfère aux déclarations d'une maman, dont le fils a failli perdre la vie suite à l'ingestion, par erreur, d'un détergent, et dont voici les propos : « Si mon fils de 4 ans a eu la vie sauve, c'est bien grâce à l'intervention d'un médecin du CAP de Annaba. Je ne savais pas comment agir en voyant mon fils se débattre, pris d'atroces douleurs au ventre. C'est en trouvant la bouteille de détergent à moitié vide que j'avais compris qu'il s'agissait d'une intoxication. Je lui ai d'abord donné de l'huile d'olive, puis j'ai eu la présence d'esprit d'appeler le CAP. L'opérateur m'a alors questionné sur la nature du produit ingéré par mon fils afin de m'informer de la conduite à tenir, avant de le conduire vers les services d'urgences ». Celle-ci ajoutera : « C'est une amie, technicienne de la santé à l'hôpital Dorban, qui m'avait communiqué le numéro de téléphone du centre. Il faut médiatiser l'information pour que le public soit informé de l'existence de pareil centre et de la nature de sa mission ». C'est ce qu'explique le Dr Chaker, coordinateur du CAP de Annaba. Pour lui, les centres antipoison sont des cellules d'information sur les risques de tous les produits toxiques qu'ils soient médicamenteux, industriels ou naturels. Ils ont un rôle d'information auprès des professionnels de la santé et du public. Ces centres apportent une aide, par téléphone, de diagnostic, de prise en charge et de traitement des intoxications, en plus de participer activement à la toxicovigilance. Selon ce généraliste, formé en toxicologie, l'unité de Annaba est dotée d'une liaison informatique la reliant à un système spécial. Ce qui permet de centraliser les observations et de consulter la base documentaire afin d'exercer une meilleure activité de toxicovigilance. Et de noter que le centre antipoison a pour vocation de répondre aux éventualités d'intoxication, mais aussi aux demandes d'information. Ouvert au grand public, au corps médical et paramédical, le CAP de Annaba couvre toute la région Est du pays. Il est également un centre interrégional de toxicovigilance, de documentation en toxicologie, et remplit une mission pour l'éducation sanitaire. Par ailleurs, et en vue de renforcer les moyens déjà mis en œuvre, un laboratoire d'expertise sera incessamment réalisé. Il sera doté d'équipements performants, issus des dernières technologies, à l'effet de se mettre à niveau en matière de toxicologie et toxicovigilance.