Six années se sont écoulées depuis les premiers transferts des prisonniers à Guantanamo (Cuba). Amnesty International (AI) mène, à cette occasion, une campagne mondiale pour fermer cette prison. Une prison où se trouvent encore hélas quelque 300 personnes, représentant une trentaine de nationalités, toujours détenues sans inculpation ni jugement. Mais aussi 17 Algériens, si l'on se fie au chiffre donné par le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, en juillet dernier, qui avait précisé à cette époque que « la situation de l'un de ces derniers est réglée et il ne reste que 16 cas à traiter ». Il reste que les près de 800 détenus de Guantanamo ont subi la même situation. Une situation que retrace si bien le film Road to Guantanamo (La route vers Guantanamo), projeté hier en son siège à Alger par la section algérienne d'AI. Réalisé par Michael Winterbottom, Road to Guantanamo est un film coup-de-poing tiré d'une histoire vraie. Il retrace en effet l'effroyable odyssée de trois jeunes Anglais enfermés pendant deux années à Guantanamo Bay. Quatre musulmans britanniques partent au Pakistan, fin septembre 2001, où l'un d'entre eux devait se marier. Puis après, ils décident de passer en Afghanistan pour aider la population en détresse. Mais leur voyage tourne au cauchemar… Alors que les attaques américaines ravagent les villages talibans, ils se retrouvent pris au piège en plein cœur des bombardements. L'un d'entre eux, au nom de Mounir, disparaît. Capturés peu après par les Américains, en compagnie d'une dizaine d'autres, ils sont accusés d'être des combattants d'Al Qaïda puis envoyés aux camps de Guantanamo. Là, ils subiront l'insoutenable, ils ont été transformés en bêtes humaines. Images insoutenables. Humiliantes. Ce film montre une file de personnes enchaînées l'une à l'autre, vêtues de combinaisons orange, les yeux bandés, les mains et les pieds ligotés avec de lourdes chaînes métalliques. Ils subiront durant tout leur séjour des tortures abominables. Certains ont fini par perdre la raison. Les trois amis passèrent deux années sous ce même traitement avant d'être libérés sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux. Selon AI, David Hicks est le seul détenu de Guantanamo à avoir été reconnu coupable par une commission militaire, en mars 2007. Il avait plaidé coupable de chef d'inculpation de « soutien matériel au terrorisme » au terme d'un accord qui garantissait sa libération après cinq ans et son retour vers l'Australie, son pays, en vue d'y purger une peine de neuf mois d'emprisonnement. En novembre 2007, trois détenus devaient comparaître devant une commission militaire. Et depuis 2002, environ 470 détenus ont été transférés depuis Guantanamo vers d'autres pays. Quatre hommes se seraient suicidés à Guantanamo où l'on comptait des dizaines d'autres tentatives de même nature. Aujourd'hui, selon AI, sur la base aérienne américaine de Bagram (Afghanistan), des centaines de personnes sont toujours détenues sans inculpation, jugement ou examen judiciaire de leur détention.