De Washington à Melbourne en passant par Rabat, les militants sont descendus dans la rue l Plus de 750 personnes, dont des enfants, ont été emprisonnées depuis janvier 2002. La prison de Guantanamo est une honte. » Réunis par un même slogan, une dizaine d'activistes américains ont manifesté, jeudi dernier, devant les grilles de sécurité qui entourent l'enclave américaine à Cuba. De concert avec d'autres militants à Londres, à Rabat, à Paris ou à Rome, ils ont revendiqué la fermeture du centre de détention de Guantanamo, ouvert il y a cinq ans pour recevoir les prisonniers de guerre après l'invasion de l'Afghanistan. A l'occasion de ce triste anniversaire, Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, a également pris position lors d'une conférence de presse. « Comme mon prédécesseur, j'estime que la prison de Guantanamo devrait être fermée. Je crois me rappeler également que le président Bush, lui-même, a dit qu'il aimerait la fermer », a-t-il déclaré. A Washington, d'autres militants des droits de l'homme, habillés d'une combinaison orange et d'une cagoule noire, comme les prisonniers de Guantanamo, ont aussi protesté contre la pratique de la torture dans le centre. Plusieurs dizaines de manifestants ont été interpellés après avoir pénétré à l'intérieur de la Cour suprême. A Londres, quelque 300 militants d'Amnesty International se sont rassemblés dans la même tenue devant l'ambassade des Etats-Unis. Certains mimaient des gardes américains, ordonnant aux autres de s'agenouiller et de s'allonger le visage contre terre. Le groupe Amnesty International basé à Londres a appelé les puissances mondiales à faire pression activement sur les Etats-Unis. « Ce n'est pas suffisant que les dirigeants mondiaux expriment leur inquiétude au sujet de Guantanamo et continuent à travailler avec les Etats-Unis comme si de rien n'était », précise le communiqué de l'organisation. En Australie, en Norvège ou en Italie, d'autres manifestants ont mis en scène les traitements infligés aux détenus. A Rabat, à l'appel de l'Association marocaine des droits humains, de l'Organisation marocaine des droits de l'homme ou encore de la section marocaine d'Amnesty International, un sit-in a été organisé devant la représentation de l'ONU afin de dénoncer « la torture à Guantanamo et à Abou Ghraïb », « les détentions secrètes » et « l'absence de la légalité internationale ». A Melbourne, des activistes ont réclamé la libération de David Hicks, le seul prisonnier australien de la base navale américaine. Le président russe, Vladimir Poutine, s'est même associé aux protestations pour rappeler que tous les détenus libérés et jugés avaient toujours été innocentés. Depuis janvier 2002, plus de 750 personnes dont des enfants âgés de 13 ans de 45 nationalités ont été emprisonnées. Près de 400 présumés terroristes y sont toujours, attendant un procès, pour certains depuis cinq ans. D'après l'agence Reuters, « s'il a reconnu que cette prison nuisait à l'image des Etats-Unis, le président George Bush n'a nullement l'intention de la fermer dans l'immédiat. Il vient au contraire de signer un texte interdisant aux détenus étrangers de contester en justice les conditions de leur détention. »