Des milliers de vies sont détruites » par le camp de Guantanamo, a accusé Amnesty International (AI) dans son dernier rapport, à paraître aujourd'hui à Londres, sur les terroristes supposés encore détenus sur cette base et leurs familles. « Le centre de détention de Guantanamo condamne des milliers de personnes à travers le monde à une vie de souffrances, de tourments et de soupçons », a accusé l'ONG britannique, estimant à 500, originaires de 35 pays, le nombre d'hommes encore détenus dans ce camp, plus de quatre ans après son ouverture. L'ONG de défense des droits de l'homme a critiqué le flou entretenu par les autorités américaines autour du nombre exact de détenus sur la base, demandant aux Etats-Unis d'établir une liste précise des prisonniers, avec leur nationalité et leur identité. Selon AI, plusieurs prisonniers auraient fait des tentatives de suicide et plusieurs dizaines d'entre eux seraient toujours en train de suivre une grève de la faim. L'ONG londonienne a évoqué les accusations selon lesquelles les autorités américaines auraient nourri de force plusieurs détenus, via des sondes nasales notamment, sans aucune anesthésie : « Si ces allégations sont vraies, Amnesty International considère cela comme de la torture ou des mauvais traitements. » Concernant les prisonniers libérés de la base américaine sur Cuba, AI a souligné que leur calvaire n'en finit souvent pas là et que, pour beaucoup, « leur transfert n'a rien signifié d'autre qu'un déménagement d'un lieu de détention illimitée et illégale vers un autre lieu de détention illimitée et illégale ». AI cite le cas du Jordanien Wisam Abd Al Rahman Ahmed, rendu à la Jordanie en avril 2004 mais toujours détenu depuis, dans un lieu inconnu. Se penchant enfin sur l'impact de Guantanamo sur les proches des détenus, AI a souligné que « certaines familles qui savent que leurs proches sont ou ont été faits prisonniers par les Etats-Unis (...) ne savent toujours pas où ceux-ci se trouvent, ni même s'ils sont encore en vie ».