Hier, au deuxième et dernier jour de sa visite à Tamanrasset, le chef de l'Etat s'est donné beaucoup de plaisir à serrer la main des centaines, voire des milliers de personnes qui lui réclament vivement un autre mandat. In Salah. De notre envoyé spécial « Ouhda talitha » scandaient les habitants de In Salah entassés derrière des haies de sécurité placées tout au long de la rue principale de cette petite ville. Et à lui de leur répondre par des saluts de la main. Baroud, danses folkloriques, le Président, qui vit la dernière année de son deuxième mandat, s'offre un véritable bain de foule sous haute surveillance. Chiens détecteurs de métaux, fouilles des personnes et présence impressionnante des services de sécurité, tous corps confondus, tout est passé au peigne fin. Vêtu d'une tenue traditionnelle, kachabia et araquiya, il s'adonne à des bises et aux accolades et se dirige dans tous les sens pour saluer le public, grand sourire à la bouche. La scène dure plus d'un quart d'heure. Une personne qui se réclame de la société civile et qui fait partie de la délégation officielle accompagnant le Président chauffe davantage la foule en criant lui aussi : « Ouhda talitha. » Même les troupes de karkabou réclament un troisième mandat. La veille, lundi soir, le chef de l'Etat avait lancé une phrase qui renforce l'hypothèse d'un troisième mandat. Interrogé par un journaliste au dernier point de sa visite dans la commune de Tamanrasset sur l'absence de déclarations à la presse, M. Bouteflika lui rétorquera laconiquement : « Les choses sont toutes claires. » Cette phrase qui pourrait ne rien vouloir dire sonne comme une sorte de confirmation de sa volonté d'aller vers un nouveau mandat, lui qui a déjà parlé de son intention de révision de la loi fondamentale du pays. Son insistance sur le respect des délais de réalisation vient consolider cette éventualité. Lors de sa tournée de lundi soir à Tamanrasset, le chef de l'Etat a même ordonné de réduire les délais pour certains projets d'infrastructures de base. C'est le cas du projet de construction d'un lycée de 800 places pédagogiques dont le délai fixé est de 14 mois. Le président Bouteflika a exprimé son mécontentement au ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid, qui figurait parmi les 11 ministres l'ayant accompagné. « Je veux qu'il soit terminé dans dix mois », lance-t-il en direction du présentateur du projet. Il a signifié la même chose lorsqu'il a posé la première pierre pour la construction de 400 logements et d'un complexe sportif dans la commune de Tamanrasset. « Faites tout pour réduire au maximum le délai de réalisation », dit-il devant le ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa. En visitant le projet de réalisation d'un tronçon de la transsaharienne, le chef de l'Etat, tout en exprimant sa colère devant les retards constatés dans le chantier, a menacé de recourir à des entreprises étrangères de renommée. « Si vous ne pouvez pas le faire, je ferai appel aux étrangers. Je n'hésiterai pas à le faire », martèle-t-il devant le ministre des Travaux publics qui n'a rien trouvé à dire. Le premier magistrat du pays s'est également montré intransigeant sur la qualité des projets. Ainsi, en visitant les logements FNPOS, il a estimé qu'ils sont exigus et non adaptés ni au climat désertique ni aux traditions des enfants de la région. Il a ainsi appelé à tenir compte dorénavant des spécificités régionales dans l'élaboration et la réalisation des projets. En pressant ses ministres de terminer les projets le plus tôt possible, le chef de l'Etat semble vouloir étoffer le bilan de son second mandat qui expirera dans 14 mois. A l'aéroport, il a été procédé à la lecture d'une motion de soutien des notables de Tamanrasset au Président pour briguer un troisième mandat.