L'intitulé de la conférence, animée mardi dernier au CCF, donne déjà le ton pour signifier que, contrairement à ce que charrie l'imaginaire collectif sur la cybernétique, celle-ci n'est pas uniquement du domaine du virtuel. Rafik Bencherait, consultant à IBM sécurité du Canada, démontre, exemples tirés de la réalité à l'appui, que des attaques perpétrées via Internet sont parfaitement possibles. Protéiformes, celles-ci pourraient avoir pour théâtre la mer, l'air et la terre, de même que le cyberterrorisme est asymétrique, en ce sens qu'il met aux prises un groupe d'individus, voire un seul homme, avec des moyens réduits, face à un Etat, aussi fort soit-il. Quelles en sont les cibles privilégiées ? Les barrages, les autoroutes, les aéroports, les centrales nucléaires et électriques, qui sont drivés par des prestataires de services privés, dont la sécurité, affirme M. Bencheraït, représente le cadet de leurs soucis. De ce constat vérifié découle une vulnérabilité des systèmes de sécurité, pouvant déboucher sur des catastrophes incommensurables. Ce qui est autrement plus sidérant, c'est que l'attaque informatique, une fois perpétrée, peut être indétectable, à moins d'un audit long et coûteux. Une riposte du même genre, contre un Etat « voyou », ne peut être envisagée qu'à travers une guerre conventionnelle, comme il est prévu dans les dispositifs de sûreté préventive de pays comme les USA ou la France. Mais ce n'est pas toujours le cas, les évènements du 11 septembre sont le fait, non pas d'un pays, mais d'un groupe d'hommes prêts pour le sacrifice suprême. L'intérêt, que revêt la conférence, réside dans le fait qu'elle alerte nos gouvernants sur un phénomène dont les promoteurs sont déjà sur le pied de guerre.