L'historienne Isabelle Grangaud a animé une conférence, dimanche dernier, au centre culturel français. Dans son intervention, la chargée de recherche au CNRS s'attardera sur la notion de « houma » qui n'est surtout connue qu'au Maghreb. Elle nous fera plonger dans cet univers à part qui berce l'imaginaire de chacun. Pour comprendre ce qu'est la « houma », l'historienne s'est fixée comme point de départ, la « houma » actuelle, faisant par la suite immersion dans le temps qui nous mènera à cette conception de l'espace urbain qui prédominait à l'époque ottomane. La « houma » peut être une unité de voisinage, un quartier, une rue ou autre, elle se veut aussi le contraire de tout cela. Difficile donc de cerner cette notion qui se situe davantage dans l'informel que dans l'administratif et le juridique. Ceci ne peut cependant pas altérer l'importance des « houmas », qui ont de tout temps constitué une référence dans l'organisation des villes algériennes, notamment dans celle urbaine dans la régence d'Alger. En témoigne le fond ottoman algérien qui rassemble une masse documentaire remontant à l'époque citée et où on relevait déjà pas moins de 59 « houmas » à Alger. Intime, la « houma » tourne le dos à la ville, qui l'est de moins en moins, en exprimant en même temps la citadinité, ce qui ne peut que sceller son appartenance à la ville. Si la rue est de nos jours le langage de base dans toute organisation urbaine, elle ne l'a été que suite à une mesure militaire. Ces mêmes militaires, coupables de la défiguration des villes, qui donneront leurs noms à nos rues, une fois que le statut de l'Algérie aura changé, en en faisant une propriété française. Pauvres villes et rues qui n'en finissaient pas de changer de nomination après l'Indépendance de l'Algérie, alors que la « houma » gardait encore ses particularités, avec les doux parfums de l'enfance.