L'obligation faite aux entreprises publiques de déposer leurs avoirs dans les banques publiques est une orientation du président de la République. La nouvelle a été annoncée hier par Abdelatif Benachenhou, ministre des Finances, sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, lors de l'émission « Questions de l'heure ». Les milieux politiques et financiers avaient pensé jusque-là que cette instruction était une initiative du chef du gouvernement Ahmed Ouyahia. « La circulaire du chef du gouvernement résulte de la blessure Khalifa. Il s'agit de 1,5 milliard de dollars. Cela correspond à dix hôpitaux universitaires de la taille de celui d'Oran », a-t-il indiqué, suggérant que la décision est limitée dans le temps. « C'est une mesure de prévention. Le président de la République a dit qu'il ne peut pas accepter de revivre ce qui s'est passé avec El Khalifa Bank. Il faut donc renforcer l'armée des superviseurs », a-t-il dit. Selon lui, il ne saurait y avoir deux marchés bancaires dans un même pays. « Je ne peux pas accepter qu'un chèque d'une entreprise privée X, réputée sur le plan international, soit refusé par une banque publique », a-t-il noté. D'après lui, les banques publiques ont des clients malades. Actuellement, 30 000 personnes sont employées par les banques publiques. Un tiers de ce personnel, d'après le ministre, une formation universitaire. Il a plaidé pour « le redéploiement » du personnel recruté pour assurer la sécurité, « vers des sociétés spécialisées ». Le ministre s'est dit satisfait du vote de la loi de finances par le Parlement. « La loi budgétaire a été votée telle qu'elle. Le budget de fonctionnement pour 2005 n'a pas bougé d'un iota par rapport à 2004. La sagesse l'a emporté », a-t-il dit, soulignant que ce type de loi est politique. Il a mis les amendements introduits par les députés sur le compte du manque de coordination au sein des formations politiques. « Nous avons souffert de la projection, dans le débat parlementaire sur la loi de finances, de la crise des partis. Le FLN se cherche. Autant pour les autres partis », a-t-il relevé. Selon lui, la coalition a du mal à comprendre la portée du programme du gouvernement. « L'Algérie mène de front l'ouverture politique et l'ouverture économique. C'est difficile. La discussion sur la loi de finances a prouvé cette difficulté. Nous avons un déficit de communication sur la nature et l'impact de l'ouverture économique », a-t-il appuyé. A ses dires, la loi de finances 2005 est porteuse de mesures pour accélérer les réformes. « Je suis passé une première fois au ministère des Finances et je suis revenu. J'ai trouvé des dossiers gelés », a-t-il révélé. Interrogé sur la possibilité d'un consensus sur les réformes, le ministre a indiqué que ce processus impose des arbitrages qui plaisent et déplaisent. « La réforme n'est pas une soirée de gala. Elle ne peut se faire sans la remise en cause de certains intérêts. Sur certains dossiers, on ne pourra jamais atteindre le consensus », a-t-il dit. Le secteur public doit, selon lui, être sérieusement réformé. Il cite l'exemple de 25 entreprises publiques qui occupent 82 000 travailleurs et qui pèsent « massivement » sur le Trésor public. « Allons-nous reporter les réformes ? La nation a les moyens de traiter le cas de 82 000 travailleurs. Nous avons les moyens de financer l'impact social de nos décisions », a-t-il déclaré. « Le ministre des Finances n'est pas idiot politiquement. On ne me fera pas porter le chapeau de la casse du secteur public. C'est un problème politique national », a-t-il insisté. « Il faut arrêter de faire de la consommation la priorité dans la gestion des finances publiques », a-t-il plaidé. La Caisse nationale de l'assurance chômage (CNAC) dispose, selon lui, de 85 milliards de dinars placés dans des banques. « Le ministère des Finances est obligé de payer de l'argent et des intérêts pour que la CNAC continue de disposer de cet argent. Il y a presque dix ans, il n'y a plus de licenciement pour cause économique. Mais, la CNAC a continué d'accumuler les cotisations », a-t-il argué. Selon lui, le foncier est un écueil à l'investissement en Algérie. « Les entreprises publiques qui possèdent des terrains excédentaires doivent les restituer aux domaines publics pour qu'ils soient redéployés vers d'autres usages. Je trouve anormal que la SNVI dispose aux portes d'Alger de 200 ha et qu'elle utilise moins que le quart », a-t-il dit. Le ministre a annoncé que la direction des grandes entreprises (DGE, impôts) vient d'être installée à Ben Aknoun (Alger). « Nous sommes en train de rapatrier sur Alger les dossiers (...). Le directeur a été nommé. Je n'ai pas encore nommé le sous-directeur chargé du contentieux. C'est un poste sensible. Cette direction s'occupera de presque 75% des entrées fiscales du pays », a-t-il reconnu. La DGE doit, entre autres, contrôler la fiscalité de Sonatrach.