Il estime que le rejet de certains amendements dénote un manque de coordination au sein de l'Alliance présidentielle. Le ministre des Finances, M.Abdelatif Benach-enhou, s'est dit satisfait quant aux amendements portés à la loi de finances 2005, tels qu'ils étaient adoptés par l'Assemblée populaire nationale (APN). «La loi budgétaire a été adoptée telle qu'elle est. Le budget de fonctionnement n'a pas bougé d'un iota» a-t-il déclaré, hier, lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Toutefois, selon le grand argentier du pays, le rejet par les parlementaires de certains amendements fait état du manque flagrant de coordination qui prévaut entre les formations politiques. «Ces amendements relèvent beaucoup plus de l'acte politique que d'autre chose. Et l'on a remarqué, lors de l'adoption de la loi de finances, la distanciation prévalant par rapport au corps législatif», a-t-il souligné. Cet état de fait met des bâtons dans les roues aux réformes entamées par le président de la République, a-t-il précisé en substance. «Il est temps de prendre les décisions quant à la démarche que doit prendre le pays pour éviter les erreurs commises dans le passé». «La réforme du secteur public devient une nécessité» a-t-il martelé tout en citant le cas de 25 entreprises publiques employant quelque 82.000 travailleurs et qui «pèsent lourdement sur le Trésor public.» D'ailleurs cette situation délicate où se retrouvent ces entreprises, à en croire M.Benachenhou, porte un coup dur aux réformes bancaires. «Nos banques continuent de souffrir de ses clients malades qui consomment encore l'argent du Trésor public». Il a insisté dans ce sens sur la nécessité de réformer le secteur bancaire, «si on aspire vraiment à attirer les investissements directs étrangers». Dans ce contexte, il a affirmé que le système de paiement, vu comme l'une des principales réformes, donnera ses premiers fruits avant la fin de l'année 2005. Dans sa lancée, M.Benachenhou a fait savoir que les dettes publiques s'élèvent à 2400 milliards de dinars dont 250 milliards de dinars du budget destiné au fonctionnement des secteurs de l'éducation et des finances. «Les entreprises publiques consomment plus qu'elles ne produisent. Il appartient au pouvoir politique de décider si l'on continue sur cette voie qui consiste à financer des entreprises publiques déficitaires.» Cette situation concerne aussi le foncier. «Les entreprises publiques ayant des actifs non utilisés doivent les céder aux autres opérateurs économiques qui ont en besoin, ceci est le cas par exemple de la Snvi qui détient, uniquement aux portes d'Alger, quelque 250 hectares non utilisés. Ceci est l'un des éléments qui bloquent les réformes», a indiqué M.Benachenhou. «La réforme c'est pas une soirée de gala où l'on invite des dames à danser», a-t-il ironisé tout en déclarant qu'il «est temps d'instaurer certains équilibres budgétaires». Se voulant plus clair, M.Benachenhou a évoqué l'exemple de la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac) qui devait verser 15 milliards de dinars au ministère des Finances et qui ne l'a pas fait. Pourtant, ladite caisse détient quelque 85 milliards de dinars dans les banques. «La Caisse nationale d'assurance chômage a enregistré beaucoup plus de recettes que de dépenses, alors que cet argent qui part ailleurs soit versé à la caisse du ministère des Finances», a-t-il soutenu. Ce genre de pratiques qui s'ajoute aux autres fragilités qui perturbent l'économie nationale, à en croire le ministre des Finances, bloque sérieusement les réformes déjà entamées. Dans ce sens, selon le grand argentier du pays, les générations qui arrivent sur le marché du travail annoncent une véritable explosion. «Les générations nées avant 1986 arriveront sur le marché du travail à partir de 2010. On ne fait pas assez attention à ce phénomène. Il est donc indispensable de penser à la manière de les insérer mais aussi de répondre à la forte demande qui ne cesse d'ailleurs de s'accroître.» Concernant l'interdiction de l'importation des boissons alcoolisées et son impact sur l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale de commerce (OMC), M.Abdelatif Benachenhou a déclaré que cela va peser sérieusement sur le processus qui en est à ses dernières retouches. «L'OMC n'est pas une abstraction, a-t-il insisté, mais ce sont les 26 accords auxquels nous devons nous soumettre. Et puis le commerce international est basé sur la réciprocité et le traitement national. Si l'Algérie veut adhérer à cette organisation, elle doit accepter les produits provenant de ses partenaires comme ces derniers ont accepté ses produits. C'est la loi de la réciprocité. Ceci d'une part. D'autre part, si on interdit l'importation des boissons alcoolisées, on est censé ne pas les produire nous-mêmes» a-t-il expliqué. Au sujet de la possibilité d'adopter une loi de finances complémentaire, le ministre des Finances a écarté cette éventualité tout en déclarant que ce genre de mesure est pris dans les situations jugées urgentes.