Il se fera auprès des agences de la Banque nationale d'Algérie (BNA) et de la Banque algérienne de développement rural (BADR). La banqueroute d'El Khalifa Bank continue d'alimenter les débats parlementaires. Le ministre des Finances est revenu longuement, hier, au Conseil de la nation, sur ce que les hautes autorités du pays qualifient “d'escroquerie du siècle”. Quelques jours après son passage à l'Assemblée populaire nationale, Abdelatif Benachenhou annonce que l'opération de remboursement des petits épargnants d'El Khalifa Bank s'effectuera à partir du 15 juillet. Elle se fera auprès des agences de la Banque nationale d'Algérie (BNA) et de la Banque algérienne de développement rural (BADR). L'argentier du pays explique le choix de ces deux établissements par le nombre important d'agences dont elles disposent. Ils ont en effet, semble-t-il, le réseau le plus dense au niveau national. Le ministre précise que seuls les épargnants qui disposent de dépôts égaux ou inférieurs à 600 000 dinars sont concernés. Le Chef du gouvernement, devant les députés, a affirmé que le nombre de petits déposants est de 250 000. Le gouvernement envisage, par ailleurs, de rembourser les établissements à caractère social qui ont effectué des dépôts auprès d'El Khalifa Bank, sans donner le montant total de ces dépôts. “Ils seront traités au cas par cas”, précise-t-il, avant d'expliquer qu'“étant donné le caractère social important de cette catégorie d'entreprises, le président de la République et le Chef du gouvernement souhaitent que leur dossier soit traité de façon que les prestations sociales qu'elles assurent ne soient pas compromises”. Benachenhou a parlé de la Caisse nationale des retraites (CNR), de la Caisse nationale d'assurance sociale (CNAS) et de la Caisse nationale d'assurance chômage. Il n'a pas précisé si des poursuites judiciaires allaient être engagées à l'encontre des responsables de ses établissements. L'argentier du pays ne comprend pas la liberté d'entreprendre des établissements à caractère administratif et social. “Dans certains pays, comme la Tunisie et le Maroc, rien ne se fait sans l'aval du ministère des Finances”, dit-il, sans aller plus loin dans son raisonnement. Faut-il donc changer la loi régissant ces établissements ? Benachenhou ne dit rien sur la question. Mais le débat est ouvert. Pour les entreprises à caractère économique, le ministre est catégorique : “Elles sont exclues de toute opération de remboursement.” En d'autres termes, ces entreprises doivent assumer les conséquences de leur gestion. Benachenhou souligne qu'au-delà des pertes subies par le Trésor public et qui avoisinent les 100 milliards de dinars, l'image du pays a été sérieusement ébranlée. En d'autres termes, à cause de l'affaire Khalifa, le risque Algérie s'est détérioré, après une nette amélioration enregistrée ces deux dernières années. Le ministre affirme que tout le monde est interpellé, l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Parlant de la justice, il révèle qu'El Khalifa Bank avait obtenu, en 2002, auprès du tribunal de Chéraga, l'autorisation de surseoir à la publication de ses comptes. Les magistrats, mal formés, n'ont pas mesuré les conséquences de leur décision. Le ministre des Finances confirme que c'est le président de la République qui, en novembre 2002, a ordonné la liquidation d'El Khalifa Bank. Il a formulé plusieurs interrogations sur le retard accusé dans la mise en place de la Société de garantie des dépôts bancaires (SGDB), créée seulement en mai 2003, alors que celle-ci était prévue par la loi sur la monnaie et le crédit 1990, sur le fonctionnement et les prérogatives de la Banque d'Algérie. “Cette loi aurait-elle atteint ses limites ? N'a-t-elle pas été appliquée ?”, s'interroge Benachenhou qui suggère, à demi-mot, la révision de cette loi, pour éviter que d'autres krachs, à l'image de celui de Khalifa, ne produisent. Le remboursement des épargnants se fera essentiellement à travers la Société de garantie des dépôts bancaires, en d'autres termes à travers la solidarité de la place. Les produits résultant de la liquidation de Khalifa sont jugés insignifiants, pour la simple raison qu'El Khalifa Bank ne dispose pas d'importants biens. Pour le volet immobilier, les locaux sont, pour la plupart, loués. Quant aux créances, El Khalifa Bank les détenait globalement sur ses propres filiales qui aujourd'hui sont en cessation d'activité. Benachenhou a déclaré que l'Etat algérien a entamé des démarches auprès de ses partenaires européens en vue de geler et de transférer les avoirs de Khalifa Abdelmoumène. M. R.