coup d'envoi de la 8e édition du colloque international sur le roman Abdelhamid Benhadouga a été donné, hier après-midi, par les responsables locaux à la Maison de la culture Mohamed Boudiaf de la ville de Bordj Bou Arréridj. Une nuée d'écrivains et de professeurs d'universités étaient au rendez-vous de cette rencontre devenue au fil des années une véritable tribune d'échanges et d'enrichissement dans le domaine de la littérature. Quoique beaucoup d'invités fussent en retard. D'ailleurs, plusieurs personnes brilleront par leur absence, alors que très attendues, notamment la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et l'interprète italienne, Yolanda Guardi, toutes deux ayant annulé leur venue pour emploi du temps chargé. La première journée Benhadouga comme à son habitude, a été consacrée au défunt et à son œuvre. Les intervenants se pencheront donc sur ses romans, ses scénarios et sa poésie. La plus importante des communications, celle de Ouacini Laâredj, traitera de la structure de ses écrits et des changements intervenus entre ses deux œuvres Le Vent du sud et Djazia et les darwichs. Deux œuvres marquantes, mais aussi différentes de par leurs styles et leurs structures. Selon l'intervenant, auteur, professeur et chercheur à l'université d'Alger, cette différence pose une problématique majeure. Un élément est intervenu chez cet auteur particulièrement proche de la société. En d'autres termes, son écriture était basée sur un style classique et usait d'une structure similaire dans chacune de ses œuvres. Djazia et les darwichs marquait en quelque sorte un tournant décisif dans la société algérienne : l'abandon du socialisme et « l'entrée » dans l'individualisme qui précédait l'actuel régime libéral. Pour Ouacini Laâredj, l'auteur avait modifié son style parce qu'il était à l'écoute de sa société, laquelle avait subi un changement radical, une mutation même. Il était donc nécessaire pour l'auteur de se faire entendre-lire par cette nouvelle société. Ainsi, Djazia et les darwichs est le roman du changement, celui qui annonçait une nouvelle ère. Visionnaire, Benhadouga l'était assurément et il le prouve dans cette grande œuvre, et notamment dans les suivantes, où il reprend son ancien style et sa structuration habituelle, fermant par là une parenthèse sociale, culturelle et politique. Les autres intervenants, qui citent en exemple son talent indéniable, poursuivent ce grand « zoom » sur Benhadouga et son œuvre toute aussi ancrée que lui dans la société algérienne. En marge de cette rencontre internationale et des nombreuses communications proposées, une exposition se tient dans le hall de la Maison de la culture Mohamed Boudiaf. En plus des nombreuses œuvres de Benhadouga et d'autres auteurs algériens et arabes, proposées à la vente, sont exposées des photos du défunt et celles des précédentes éditions de ce colloque, telle une chronique d'un événement désormais une tradition littéraire de la ville de Bordj Bou Arréridj. Cependant, cette rencontre, organisée avec beaucoup de zèle, vient à manquer de moyens matériels, comme le soulignera le Dr Abdelhamid Bourayou, président du conseil scientifique du colloque, qui précisera que, sans cela, les efforts jusque-là fournis ne suffiront pas à concrétiser tout ce qui ressort de cette expérience d'échanges. En d'autres termes, ces échanges enrichissants doivent avoir un impact plus concret sur le terrain et sur l'esprit de la littérature algérienne, quelle que soit sa langue d'expression.