On connaît trop l'âpreté et la dureté d'une existence précaire. Ses tourments sont insupportables. Beaucoup de nos compatriotes vivent sous le joug d'une vie pauvre et indigente. La misère est une réalité quotidienne. Froide comme le marbre, insensible comme un cœur aride et desséché. C'est un cheval de Troie qui porte le mal dans son ventre. Inutile d'épiloguer ou de s'étaler sur ses conséquences. Mais la pauvreté, si tant est qu'elle soit vraie, ne doit pas tout justifier et autoriser. Il y a des comportements et des actes qui demeurent à mon sens, trop éloignés du bon sens. J'admets n'avoir jamais compris que des mendiantes persistent à exhiber leur progéniture pour susciter la pitié et la mansuétude des gens. Des femmes, supposées nécessiteuses ou réellement dans le besoin, soumettent leurs bébés, leurs enfants en bas âge à un régime pénible. Livrés aux caprices du temps, à un environnement souvent hostile, ces enfants vivent un calvaire quotidien. Visiblement fourbus et en piteux état, ils sont chargés de provoquer l'apitoiement des passants et de les pousser à la charité. Le spectacle de ces petits enfants déguenillés ou à moitié nus fait peine à voir. Pour faire bonne mesure, ces femmes se croient obligées d'infliger un traitement affligeant à leur progéniture. Cette situation nous interpelle sincèrement. Puisé dans la préhistoire de la mendicité, cet artifice, franchement insoutenable, se doit d'être traité avec les moyens d'une société digne de ce nom. Il y a des méthodes de secours, de soulagement, d'aide et de réconfort suffisamment efficaces pour épargner à ces gosses, les affres d'une existence extrêmement difficile. Faut-il que des petits enfants soient contraints d'afficher leur plaie pour espérer être secourus ? La question reste ouverte.