Après plus de trois mois de chômage forcé, les pêcheurs de Chétaïbi ont enfin repris cette semaine leur activité. Il était temps, car la corporation des gens de la mer a été rudement éprouvée par les fortes intempéries durant ces derniers mois. Ce qui les a contraints à rester à quai, et à entreprendre de menus travaux tels que la réparation des filets endommagés. Cette situation a lourdement pesé sur leur vie sociale, à tel point que certains d'entre eux ont dû recourir à leurs proches pour emprunter de l'argent. Plus grave encore, les marins-pêcheurs n'arrivent plus à attraper suffisamment de poisson. En effet, il faut partir au large pour taquiner dorades et merlans. Pourtant, il y a à peine quelques années, on pouvait les prendre à quelques encablures du port. Il faut dire que les côtes du littoral ne sont plus aussi poissonneuses qu'avant. D'aucuns n'arrivent plus à trouver une explication plausible à ce phénomène. De plus, les gens de la mer de Chétaïbi disposent de petites embarcations non adaptées à la pêche en haute mer. Cette semaine a enfin été fructueuse, puisqu'ils ne sont pas rentrés bredouilles. Ils ont pu rapporter de considérables quantités de sardine. C'est le sourire qui est enfin retrouvé. Pour fêter ce qu'ils ont qualifié d'heureux évènement, plusieurs casiers de ce poisson bleu ont été offerts aux citoyens, qui en raffolent. Jeunes et moins jeunes, munis de sachets, se sont alors précipités vers le port pour profiter de cette aubaine. Un geste qui ne peut qu'honorer la corporation des gens de la mer, pourtant souvent en butte aux difficultés. « C'est une tradition qui s'est ancrée depuis des lustres au sein de notre corporation : après une excellente prise, nous avons décidé de faire cadeau d'une partie de notre cargaison aux citoyens », déclare Ali Boumerah, marin-pêcheur. Il est nécessaire de noter que la rareté du poisson à Chétaïbi est un phénomène qui commence à inquiéter sérieusement tout un chacun. Cette situation ne concerne pas uniquement le littoral de cette commune, mais s'étendrait, d'après les pêcheurs, à l'ensemble des côtes du pays, de Annaba à Tlemcen. Ce fait ne serait-il pas justifié par la pollution marine, la pêche à outrance ou le non-respect de la période du repos biologique ? Il faut savoir que pendant cette période de reproduction du poisson (généralement au mois d'avril), il est interdit de pêcher. Même si les textes y afférents existent, ils ne sont jamais respectés, car le mode de compensation, pendant la période d'arrêt, n'a, à ce jour, pas été trouvé. Dès lors, les pouvoirs publics sont interpellés à l'effet de dresser un diagnostic du secteur, en associant les scientifiques et les professionnels pour trouver les solutions appropriées.