Nul n'a le monopole du combat syndical ni des libertés syndicales en Algérie. » C'est par cette phrase que M. Mériane, porte-parole de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, a entamé hier à Alger sa conférence de presse ayant pour principal ordre du jour l'évaluation du mouvement de débrayage. Les syndicats autonomes agréés déplorent le recours par les pouvoirs publics aux sous-traitants pour casser toute initiative en somme toute légitime. « Pourquoi cette frénésie, pourquoi cette panique à la veille d'une grève. Pourquoi cette casse ? On se réserve cette fois-ci le droit de les attaquer en justice pour diffamation, mais la prochaine fois nous sortirons la grande artillerie », a averti le conférencier qui a qualifié la grève de mardi dernier d'une grande réussite. Cet exploit encouragera les syndicats à aller de l'avant et à occuper davantage le terrain. Ils envisagent dans ce sillage de radicaliser le mouvement à travers une autre protestation de deux jours ou plus en février. Revenant à la grève de mardi et en termes de chiffres, M. Mériane avance de manière globale un taux de suivi de 80,03%. Pour ce qui est du secteur de l'éducation : le pourcentage a atteint les 77,51%, quant au corps de la santé, le taux a dépassé les 82,50%, alors que pour l'enseignement supérieur, il est de 85,21%. Du côté de l'administration et selon les rapports des différentes sections et unités affiliées au Snapap, le taux a avoisiné les 80%. Les syndicats estiment avoir atteint leur objectif, et ce, en dépit des dépassements enregistrés dans quelques établissements. L'orateur a illustré ces propos par la démarche maladroite du ministre de la Santé qui a adressé une note aux différents hôpitaux, les avertissant de l'illégalité de la grève. Pour rafraîchir les mémoires, M. Mériane a rappelé qu'un préavis de grève a été déposé par tous les syndicats respectivement au niveau de leur tutelle et au ministère du Travail. « Pourquoi le ministre de la Santé se substitue à la justice ? Cette dernière est la seule instance qui peut prétendre à l'illégalité ou pas d'un mouvement de débrayage », s'est interrogé l'animateur de la conférence. La balle est maintenant dans le camp des pouvoirs publics, s'accordent à dire les animateurs du mouvement de protestation. Les syndicats autonomes ont démontré à travers la grève qui a paralysé plusieurs secteurs qu'ils sont les plus représentatifs sur le terrain, d'où donc l'ouverture d'un dialogue sérieux et responsable avec les véritables représentants des fonctionnaires de la Fonction publique et leur reconnaissance comme partenaires sociaux à part entière. « Les pouvoirs publics doivent faire une halte et essayer de comprendre les préoccupations des fonctionnaires, dans le cas contraire, la coordination a déjà établi une feuille de route qu'elle mettra en application si les pouvoirs publics refusent de se mettre avec nous autour d'une table de négociations », a expliqué M. Mériane en révélant une partie du programme tracé par la coordination qui prévoit notamment l'organisation, incessamment, de deux conférences nationales, l'une portant sur la problématique des salaires en Algérie et l'autre sur les libertés syndicales. Si le dialogue de sourd perdure en haut lieu, les fonctionnaires paralyseront encore une fois leurs secteurs respectifs. La forme à donner à cette contestation sera déterminée dans les prochains jours, c'est-à dire après la tenue des conseils nationaux des douze syndicats. Par ailleurs, M. Mériane déplore le comportement de certains syndicalistes qui ont commenté de façon négative la grève et qui ont fait du porte-à-porte pour casser leur dynamique. « Il est irresponsable de fermer aujourd'hui les yeux devant la situation à laquelle fait face le fonctionnaire. Ceux qui dénoncent notre mouvement ont-ils pris la température du quotidien des Algériens qui est devenu insupportable ? », a rappelé Dr Yousfi, membre de la coordination qui s'est interrogé sur la représentativité de l'UGTA : « Que représente cette structure pour le fonctionnaire algérien ? Et de quel droit se permet-elle de parler au nom de ceux qui sont structurés et ont adhéré pleinement au combat des syndicats autonomes ? », a-t-il souligné. Notons que pour le moment, la coordination s'attelle à installer les comités de wilaya. Des instances lui permettant d'être à la hauteur des aspirations des fonctionnaires.