Cette contestation est considérée comme “illégale” par le gouvernement dans une correspondance adressée aux syndicats autonomes. Au moment où les syndicats autonomes, notamment ceux de la coordination ainsi que l'intersyndicale de la Fonction publique, se préparent à entamer leur énième grève, leurs ministères de tutelles ont répondu à leur préavis en envoyant aux syndicats autonomes des correspondances, datées du 9 avril, annonçant que leur débrayage est illégal. Ils menacent, également, les fonctionnaires grévistes de sévères sanctions et d'une ponction sur salaire. Révolté, M. Merabet, porte-parole de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, a exprimé hier, lors d'une conférence de presse tenue à Alger, sa colère contre le gouvernement qu'il accuse de mépriser les fonctionnaires. “Alors que nous revendiquons un dialogue et l'ouverture de négociations, le gouvernement persiste dans sa démarche de mépris. Au lieu d'entamer des débats avec les vrais représentants des fonctionnaires, il opte pour l'intimidation et les sanctions”, s'indigne-t-il. Le porte-parole de la coordination a indiqué que le préavis de grève, déposé il y a quelques jours de cela, contient une demande d'audience avec le Chef du gouvernement pour lui exposer trois points de leur revendication : le respect des libertés syndicales, la révision des points indiciaires et de la grille des salaires. “Cette démarche du gouvernement n'a fait que jeter de l'huile sur le feu. Nous maintenons notre mouvement de protestation jusqu'à l'aboutissement de nos revendications. Nous ne nions pas que ces augmentations sont un plus dans nos salaires, mais elles seront vite absorbées par l'inflation”, a-t-il précisé. “C'est malheureux”, a observé M. Mériane, secrétaire général du Syndicat autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique, qui regrette au même moment le recours du gouvernement aux mesures répressives en faisant l'impasse sur les problèmes des fonctionnaires, sans omettre “les déclarations indignes” du “patron” de l'UGTA et du secrétaire général du parti du RND. Le porte-parole de la coordination a répondu au responsable de la Centrale syndicale, en précisant que “cette augmentation, annoncée en grande pompe par l'UGTA, est le fruit du combat des syndicats autonomes et la Centrale syndicale n'a fait que s'aligner sur les positions du gouvernement”. Les responsables des syndicats autonomes ont profité de la rencontre pour tirer à boulets rouges sur la société civile qui reste “inerte” devant le marasme des fonctionnaires. Ils ont tenu, également, à remettre “les pendules à l'heure”, vis à vis de certains responsables politiques, notamment les secrétaires généraux du RND et du PT. Cependant, ils ont déclaré que ce n'était pas le moment de polémiquer sur la représentativité des syndicats autonomes. “Notre objectif est de régler le problème des travailleurs fonctionnaires et d'aller vers une transparence des négociations de la grille de salaires et notamment des points indiciaires. Nous pouvons démontrer que cette nouvelle grille va enfoncer le fonctionnaire dans ses problèmes. Avec cette nouvelle grille de salaires, nous allons vers une Algérie à deux vitesses, les hauts fonctionnaires toucheront de très bons salaires et les autres resteront toujours au même point de départ”, a-t-il souligné. Il a argumenté ses propos en donnant l'exemple des points indiciaires. Selon notre interlocuteur, le passage d'un échelon à un autre est de deux ans et demi à trois ans et pour arriver au sixième échelon, il faut 18 ans d'expérience afin d'obtenir une augmentation de 3 000 DA à 5 000 DA. “Pour atteindre le 12e échelon, il faut 36 ans de travail, sachant que le maximum de points indiciaires à accumuler est de 1 480 points pour un simple fonctionnaire, alors que les hauts fonctionnaires nommés par décret commencent avec 2 900 points afin d'atteindre en fin de carrière 4 640 points pour 24 ans d'expérience”, a-t-il expliqué. M. Mériane a ajouté que les allocations familiales passeront de 600 DA à 300 DA pour le secteur de l'éducation. À cet effet, les syndicats autonomes maintiennent leur grève qui touchera plusieurs secteurs de la Fonction publique, à savoir l'éducation, la santé, l'enseignement, l'administration, l'agriculture et autre. Le conférencier n'a pas nié qu'à l'heure actuelle, la plupart des bases de ces syndicats poussent d'ores et déjà vers une grève illimitée ou à sortir dans la rue jusqu'à satisfaction de leurs doléances. “Nous sommes attachés à un mouvement pacifique et respectueux de la loi. Nous attendons un geste démocratique de la part de la chefferie du gouvernement. Une délégation se déplacera le deuxième jour de la grève au Palais du gouvernement ainsi qu'au Parlement pour prendre rendez-vous avec les concernés afin d'exposer nos revendications”, a-t-il conclu. Nabila Afroun