Au moins 34 Palestiniens ont été tués, depuis mardi dernier, par l'armée d'occupation israélienne. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert, à l'image de tous ses prédécesseurs, essaie de renforcer sa position politique en tuant plus de Palestiniens. Ghaza. De notre correspondant Après avoir quitté la bande de Ghaza qu'elle a occupée durant plus de trente ans, se sentant libérée de toute contrainte, et avec le silence complice de la communauté internationale, l'armée israélienne a donné libre cours à une barbarie sans précédent dans la bande de Ghaza, que l'Etat hébreu a décrétée « entité hostile », depuis le coup de force armé du mouvement islamiste Hamas, au mois de juin dernier. En moins de trois jours, dans une escalade sanglante, la machine de guerre israélienne a ôté la vie à 34 Palestiniens dont des femmes, des enfants et des militants de plusieurs factions armées. Les rues de Ghaza, qui n'ont jamais été totalement sûres, sont devenues plus que dangereuses ces jours-ci. Que cela soit en voiture, en carriole, ou même à pied, la mort frappe n'importe où et n'importe quand. Car, il suffit juste qu'un soldat israélien, assis devant son écran dans une ambiance feutrée, et croyant jouer à un jeu vidéo, décide de lancer des roquettes air-sol d'un drone téléguidé pour que le sang coule. Malheureusement, ce qui paraît n'être qu'un jeu, pour ce soldat qui joue le rôle « du bon » qui tue les méchants terroristes, se termine dans les rues palestiniennes par une véritable tragédie avec des voitures complètement calcinées, des corps déchiquetés et brûlés, sans compter les blessés qui garderont dans leurs mémoires et dans leur chair un traumatisme pour le restant de leur vie. Ce soldat peut être aussi un pilote d'hélicoptère d'assaut de type Apache ou même d'un avion de chasse de type F16 ou d'un autre type, tous plus sophistiqués les uns que les autres, comme il peut être à l'intérieur de l'un de ces redoutables chars de type Merkava difficiles à détruire avec les moyens dérisoires dont disposent les résistants palestiniens. Le plus grand nombre de tués a été décompté mardi, lors d'une opération de l'armée israélienne dans le quartier d'Ezzeïtoun, au sud-est de la ville de Ghaza, qui a fait 19 morts et plus de 50 blessés. Parmi ces morts figurent deux agriculteurs âgés de 65 et 55 ans, tués dans leurs vergers. Le fils de Mahmoud Ezzahar, haute figure du mouvement Hamas qui a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères dans le cabinet formé par le Hamas après sa victoire aux dernières législatives, est l'un des tués de cette journée particulièrement sanglante. Hossam Ezzahar, âgé de 21 ans, appartenant aux Brigades Ezzeddine El Qassam, la branche armée du Hamas, est le second fils de Mahmoud Ezzahar à avoir été tué par l'armée israélienne au cours de l'Intifadha d'El Aqsa, déclenchée en l'an 2000. Le même jour, en soirée, deux autres Palestiniens ont été tués au nord de la bande de Ghaza. Leur véhicule a été atteint de plein fouet par une roquette air-sol tirée par un drone. La série macabre a continué mercredi quand dans une rue au centre de Ghaza, trois personnes appartenant à une même famille sont tombées lors d'un bombardement raté visant un véhicule appartenant à des membres du Djihad islamique, l'autre mouvement radical palestinien. Trois civils innocents, Amer al-Yazji, 36 ans, son fils Amir, 13 ans et son frère Mohammed, 25 ans, circulaient dans le centre de Ghaza lorsque leur voiture a été touchée par un missile israélien. Malheureusement pour eux, ils se sont trouvés au mauvais endroit et au mauvais moment au moment de l'agression israélienne. En soirée, au niveau d'El Boureij, au sud de Ghaza, deux corps de deux militants du Djihad islamique dont la voiture a été pulvérisée par l'explosion d'un missile air-sol ont été déchiquetés et brûlés. Les services médicaux ont eu du mal à les identifier. Malheureusement, ce feuilleton sinistre n'est pas fini. Il s'est poursuivi jeudi, quand l'aviation israélienne a mené dans la journée une série de raids, dont l'un a fait deux morts, un homme et sa femme qui se trouvaient à bord d'une voiture dans le nord du territoire. Dans un autre raid aérien, un missile a touché une voiture transportant des membres de la branche armée du Djihad islamique, tuant deux hommes. L'explosion a également touché une carriole toute proche, tuant une femme et blessant grièvement un enfant. Dans une attaque sur un quartier sud de la ville de Ghaza, un chef local de la branche armée du Hamas et un autre militant ont été tués. La Cisjordanie occupée n'a pas été épargnée. Ces actes visent certainement à porter atteinte à la notoriété de l'Autorité palestinienne et à celle de son président, Mahmoud Abbas, qualifié par Israël de partenaire pour la paix. L'armée israélienne a tué, hier matin, à Naplouse un militant des Brigades des Martyrs d'El Aqsa, la branche armée du Fatah. Il faut souligner qu'Israël a joué le même jeu à Ghaza, lorsqu'il a affaibli les services sécuritaires de l'Autorité palestinienne, par la destruction de la majorité de ses sièges avant que ceux-ci ne tombent définitivement, en juin dernier, aux mains des hommes du Hamas après le putsch armé. « Les raids et l'escalade militaire d'Israël visent à infliger un camouflet aux négociations de pai israélo-palestiniennes », a déclaré le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeïna. Il a appelé les Etats-Unis « à intervenir rapidement pour empêcher une nouvelle détérioration de la situation, qui pourrait porter un coup fatal à la chance historique de paix ». Quant au Premier ministre israélien Ehud Olmert qui, à l'image de tous ses prédécesseurs, essaie de renforcer sa position en tuant plus de Palestiniens, il a déclaré que ce qui passe à Ghaza est une guerre contre les militants palestiniens qui n'arrêtent pas les tirs de roquettes artisanales sur Israël. En fait, ce n'est ni plus ni moins qu'une guerre contre l'ensemble des Palestiniens.