L'information selon laquelle la star du raï, cheb Mami, de son vrai nom Mohamed Khelifati, est sous le coup d'un mandat d'amener lancé par Interpol, serait une rumeur. Contacté hier, l'avocat du chanteur, maître Khaled Lasbeur en l'occurrence, estime qu'il est impensable qu'Interpol lance une telle recherche du fait de l'existence d'un protocole d'accord judiciaire liant l'Algérie et la France depuis 1964 et qui stipule qu'aucun des deux pays n'est tenu d'extrader ses ressortissants. « La demande d'Interpol ne peut être envisageable en vertu de l'article 12 de cet accord qui précise que les contractants n'extradent pas leurs propres nationaux », indique notre interlocuteur en notant l'existence d'une possibilité de poursuite de la personne incriminée sur son sol d'origine. « La partie requise s'engage à faire poursuivre ses propres nationaux qui auront commis sur le territoire de l'autre Etat des infractions punies comme crimes ou délits par les deux Etats, lorsque l'autre partie lui adressera par voie diplomatique une demande de poursuite accompagnée de dossiers, documents, objets et informations en sa possession. Et la partie requérante est informée de la suite donnée à sa demande », précise l'avocat en reprenant le texte de loi afin de démonter toute velléité d'injonction d'Interpol dans cette affaire. Maître Lasbeur estime que « les autorités diplomatiques françaises connaissent très bien l'accord existant pour s'aventurer à faire une telle demande vouée à l'échec ». Le service presse d'Interpol avec lequel nous avons pris attache hier est formel : « Lorsqu'un service de police de l'un des 186 pays membres d'Interpol communique au secrétariat général, à Lyon, des informations sur une enquête ou des malfaiteurs en fuite, ces informations demeurent la propriété de ce pays membre… » Le même service indique en outre que pour le cas de cheb Mami, c'est aux autorités du pays dirigeant l'enquête, en l'occurrence la France, de communiquer toute information le concernant. Ceci en notant qu'inclure un nom dans les notices rouges d'Interpol ne signifie pas lancer un mandat d'arrêt international. « Les notices rouges sont l'un des moyens par lesquels Interpol informe ses pays membres qu'un mandat d'arrêt a été délivré par une autorité judiciaire à l'encontre d'une personne », et d'ajouter qu'Interpol « ne peut exiger qu'un pays membre arrête un individu faisant l'objet d'une notice rouge. Et cette dernière ne peut être diffusée aux pays membres que si le bureau central national demandeur a fourni toutes les informations requises par le secrétariat général, notamment le mandat d'arrêt qui doit être valable pour le pays concerné ». Maître Lasbeur, qui s'était entretenu hier encore avec son client Mohamed Khelifati, a affirmé que ce dernier est prêt à se rendre en France. « Mami vient de me confirmer qu'il sera présent le jour du procès dès que la date sera fixée », nous dit-il. Interrogé sur une éventuelle date de retour du chanteur en France, son avocat précise qu'aucune date n'est fixée puisque l'instruction suit toujours son cours. « Une fois l'instruction clôturée, les avocats auront un délai de 20 jours pour prendre leurs dispositions, puis le parquet se saisira du dossier et décidera de la date du procès », explique Me Lasbeur en soulignant que Mami sera en France une semaine avant son procès.