Plusieurs rumeurs circulent ces derniers jours dans la capitale de l'Ouest sur la prétendue présence du prince du raï dans la région. Entre ceux qui affirment l'avoir réellement aperçu et ceux qui doutent en préférant croire à son sosie, les Oranais souhaitent en tout cas que “l'affaire Mami” connaisse un dénouement heureux. Aperçu à Alger, rencontré à Saïda, et plus précisément à Graba, le quartier de la demeure familiale, vu à Oran, sa ville d'adoption ou annoncé à Dubaï, sa future résidence aux Emirats arabes unis, le prince du raï cheb Mami n'en finit plus d'attiser la curiosité depuis le mandat d'arrêt international lancé contre lui par le juge d'instruction près le tribunal de Bobigny. Mami a été finalement localisé au niveau de la Corniche oranaise. Selon un témoin oculaire, le chanteur aurait été vu, samedi dernier, vers 19 heures, rentrant, à bord d'un 4X4 gris de marque Volkswagen Touareg, dans une villa dans la banlieue oranaise. Accompagné d'un homme au volant, il aurait été escorté de près par une autre voiture, avec trois hommes à l'intérieur. Une garde rapprochée qui tiendrait les curieux à distance, empêchant tout contact avec le raïman. L'affaire qui a fait grand bruit fait suite au refus de cheb Mami, de son vrai nom Khelifati Mohamed, de se présenter, le 14 mai dernier, devant le juge d'instruction pour une confrontation avec son accusatrice sur la demande de la défense de cette dernière. Au grand dam des avocats de l'artiste, Cheb Mami, malgré la confiscation de ses deux passeports algérien et français, arrivera à quitter le territoire à l'aide d'un passeport périmé en passant par l'Espagne, selon la version rapportée par le quotidien Le Parisien. Rappelons que le chanteur avait été incarcéré dans le quartier VIP de la Santé pendant quatre mois après avoir été mis en examen le 28 octobre 2006 après le dépôt d'une plainte d'une ressortissante française, photographe spécialisée des milieux raï et ancienne compagne dans la vie de cheb Mami. Elle accusera notamment ce dernier d'avoir tenté de la faire avorter lors de sa présence à Alger durant l'été 2005. Elle déclarera à la justice qu'elle a été séquestrée au domicile d'un ami de Mami et que là, deux médecins avaient procédé à un curetage. De retour en France, elle s'est aperçue que le fœtus était encore en vie et décide de garder l'enfant. Une fille qui aurait aujourd'hui huit mois. Le chanteur niera toute implication dans ces évènements et rejettera la faute sur son manager qui aurait tout manigancé. Quoi qu'il en soit, cheb Mami se trouve à Oran alors que certains de ses proches amis ignorent même sa présence dans les murs de la ville. Pourtant, les avis divergent sur l'affaire et beaucoup d'Oranais ne savent pas la nature des accusations portées contre l'enfant de Saïda. “Ce n'est pas pour un détournement de mineure”, s'interrogera Zineb qui avoue avoir lu l'information dans la presse, mais sans plus. Kader, lui non plus, ne sait pas grand-chose si ce ne sont les commentaires des journaux, cependant son opinion est arrêtée sur le sujet. “C'est un coup monté par les Français. C'est sûr qu'il a refusé de se produire en Israël ou une chose comme ça et c'est pour cette raison qu'on cherche à lui nuire”, persistera-t-il à penser. Pour Méliani Hadj, universitaire, grand connaisseur du monde du raï et commissaire du Festival du raï, l'affaire est purement pénale et aurait due être réglée à l'amiable. Concernant les rumeurs d'un règlement de comptes politiques dont Mami serait au centre, il balaie tout ça d'un ton laconique : “Je ne crois pas à toutes ces histoires de montage politique.” SAID OUSSAD