A la SGP Industrie des ciments, on a de bonnes raisons d'être satisfaits du bilan des privatisations multiformes des entreprises du portefeuille, mais plus encore de celles ayant déjà affecté six de ses cimenteries. A l'appui des résolutions du Conseil des participations de l'Etat (CPE), la SGP est déjà parvenue à désengager l'Etat de la propriété de pratiquement toutes les unités de production de plâtre et de chaux, plus généralement au profit des travailleurs. Les unités controversées d'amiante viennent également d'être fermées après indemnisation de leurs 700 employés, les locaux et équipements désaffectés devant être récupérés, après désamiantage, par le service des Domaines chargé de leur mise en vente. Mais c'est surtout sur le désengagement partiel de l'Etat du capital (le maximum à céder étant limité à 35% par le CPE) de ses 12 cimenteries et la prise en charge totale de leur management par des partenaires judicieusement choisis que la SGP concernée a tout particulièrement brillé, réussissant la gageure d'avoir privatisé, selon cette formule particulièrement avantageuse pour le pays, pas moins de 6 usines de ciment. Il s'agit de la cimenterie de Beni Saf (groupe Pharaon), celle de Zahana et du projet de cimenterie de 3 millions de tonnes à Djelfa (groupe égyptien Assec), Hadjar Soud et Sour El Ghozlane (société italienne Buzzi-Unicem) et l'usine algéro-tunisienne de ciment blanc rachetée par une société espagnole. L'usine de Meftah destinée au groupe Lafarge n'attend plus que l'accord prochain du CPE. Des négociations bien avancées avec les partenaires potentiels ne devraient également pas tarder à aboutir sur la privatisation, selon ce mode, des cimenteries de Aïn Touta, Tébessa et Hamma Bouziane. Il faudrait sans doute préciser à l'actif de la SGP Industrie des ciments que le patrimoine public que l'Etat lui a confié à sa création en août 2003 a enregistré sous sa conduite des progrès considérables, se traduisant notamment par une augmentation spectaculaire des performances productives. La production globale des 12 cimenteries publiques, qui n'était que de 8,2 millions de tonnes en 2003, est passée à 9,5 millions en 2004 puis à 10,4 millions de tonnes en 2005, 10,8 millions en 2006 pour atteindre 11,6 millions de tonnes, soit l'équivalent de la capacité de production installée à la fin 2007. Si on ajoute à la production des cimenteries publiques celle de l'usine ACC Orascom de M'sila (4,2 millions de tonnes), on atteint les 16 millions de tonnes requises pour satisfaire la demande nationale. C'est ce qui explique que l'Algérie n'importe depuis quelques mois pratiquement plus de ciment. Cette évolution des performances productives n'est évidemment pas le fruit du hasard, mais le résultat d'actions de réhabilitation et de modernisation des usines pour la plupart réalisées durant les décennies 1970 et 1980. Beaucoup de capitaux, généralement tirés des bénéfices substantiels réalisés par les cimenteries, ont été consacrés à ces mises à niveau, dont l'Algérie récolte aujourd'hui les fruits, aussi bien en termes de quantités additionnelles mises sur le marché, qu'en termes de contribution à la richesse nationale, l'industrie du ciment étant aujourd'hui reconnue comme l'un des principaux acteurs de la croissance hors hydrocarbures. Les partenariats conclus, ceux qui suivront bientôt et les investissements privés en cours de réalisation (cimenteries de Djelfa et Relizane) devraient engendrer à l'horizon 2010 une production supplémentaire de ciment, que la SGP estime à environ 8 millions de tonnes. Un tel niveau de production (24 millions de tonnes au total) permettra de satisfaire les besoins nationaux et de dégager un excédent d'environ 6 millions de tonnes destiné à l'exportation. Nos recettes hors hydrocarbures gagneraient ainsi quelque 400 millions de dollars chaque année.