La faisabilité de l'opération se pose quand on sait qu'en Afrique il faut en moyenne dix ans pour achever les transferts massifs de propriété. Le gouvernement semble, cette fois-ci, décidé à insuffler un “nouveau dynamisme” au processus de désengagement progressif de l'Etat de la sphère marchande. L'engagement des pouvoirs publics à aller rapidement sur cette voie a été réitéré, une nouvelle fois, par le chef du gouvernement lui-même, en marge de la cérémonie de présentation des vœux au président de la République à l'occasion du cinquantenaire de la Révolution de Novembre. Les 1 200 entreprises publiques existantes “seront proposées à la privatisation, hormis les entreprises stratégiques”, avait déclaré Ahmed Ouyahia, cité par l'APS. Le chef du gouvernement, à jute titre, estime qu'il “n'est pas possible d'entrer dans l'économie de marché avec les méthodes des dernières décennies, comme il est vain d'aspirer à l'ouverture sur le marché mondial avec des entreprises encore sous domination de l'Etat ou de l'Administration”. Ahmed Ouyahia exclut du champ des privatisations les entreprises dites stratégiques, à l'image de Sonatrach, Sonelgaz et la Société nationale des transports ferroviaires (Sntf). Le chef de l'exécutif ne précise pas la nature stratégique d'une entreprise. Ce regain d'intérêt aux privatisations suscite un mouvement de protestations, de certaines structures syndicales de l'UGTA et du Parti des travailleurs, s'il n'est pas contenu risque une fois de plus contrarier les objectifs du gouvernement. Le secrétaire général de l'UGTA, au lendemain de la sortie du chef du gouvernement, a affirmé au cours d'une réunion des fédérations : “Nous disons que nous sommes pour la privatisation, mais réfléchie et au cas par cas. Il y a un ensemble de critères qu'il faudra déterminer et qui permettent de décider si une entreprise doit être privatisée ou non.” L'UGTA, qui a toujours revendiqué l'association du partenaire social dans toute opération de privatisation, semble avoir été prise de court. La fédération agroalimentaire a même failli déclencher une grève illimitée. Le Parti des travailleurs se dit sur le pied de guerre. Les préparatifs se sont accélérés Sur le terrain, le gouvernement met en place, par paliers, les instruments pour accélérer les opérations de privatisation et de partenariat. Le Conseil des Participations de l'Etat, organe chargé de définir la stratégie en matière de participations de l'Etat, de mettre en œuvre les programmes d'ouverture de capital et de privatisation des entreprises publiques économiques et d'approuver les dossiers de privatisation, a eu, au cours l'année 2004, à prendre des décisions visant à élargir le mandat conféré aux Sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP), gestionnaires pour le compte de l'Etat des valeurs mobilières qu'il détient dans les entreprises publiques économiques (EPE), et ce, en les investissant de prérogatives élargies et d'une liberté d'action plus affirmée. Le CPE a, dès le mois de juin 2004, invité ces SGP à œuvrer dans le sens de plus de dynamisme en matière de recherche de partenariat et de privatisation. Depuis le CPE, sous la présidence du Chef du gouvernement a, dès lors, marqué un rythme soutenu de réunions au cours desquelles il a eu à entériner des dossiers de privatisation. Appel à manifestation d'intérêt pour 9 laiteries Pour affiner et consolider le dispositif opérationnel en matière de partenariat, d'ouverture de capital et de privatisation des Entreprises publiques économiques, le CPE a doté les SGP d'une instrumentation juridique leur permettant de capter directement et à leur niveau toutes les opportunités qui pouvaient se présenter de la part de potentiels investisseurs, d'une instrumentation à même de leur permettre de saisir toutes les opportunités, notamment lorsqu'il s'agit d'opportunités susceptibles de bénéficier à des EPE publiques de taille PME. Ce dispositif, dont les principes et le contenu ont été consacrés par la Résolution du CPE n°09 du 2 août 2004, consiste à organiser le traitement des manifestations d'intérêt qui pourraient être exprimées par des investisseurs en les assurant d'un mode de traitement diligent et transparent. Par ailleurs, pour permettre au CPE de suivre régulièrement l'impact des mesures décidées et les correctifs éventuels à y apporter, il est prévu une communication périodique du ministre chargé des participations et de la promotion de l'investissement en Conseil des participations de l'Etat sur l'état de mise en œuvre de ces décisions. Une résolution portant consolidation du dispositif opérationnel en matière de partenariat, d'ouverture de capital et de privatisation des petites et moyennes entreprises, stipule que “outre le mode d'appel d'offres, tout investisseur, personne morale ou physique, intéressé par l'acquisition de tout ou une partie du capital social ou d'actif constituant une unité d'exploitation d'EPE de taille PME peut également manifester son intérêt à la SGP ou à l'entreprise concernée”. Le ministère de la participation et de la promotion de l'investissement a décidé de rendre accessible sur son site web et celui des SGP, l'information concernant les principaux indicateurs financiers et économiques de près de quatre cents entreprises. Ces informations sont étendues au potentiel de marché de ces entreprises ainsi qu'aux opportunités en matière de partenariat-privatisation. Un annuaire des entreprises privatisables (une liste non exhaustive) a été affichée. Elle concerne l'ensemble des SGP. Des SGP ont déjà procédé à la publication des appels d'offres. Un avis d'appel à manifestation d'intérêt a été lancé par la Société de gestion des participations “transformation agroalimentaire - SGP Tragral”. L'appel d'offres fait état de recherche d'un partenariat pour un lot de neuf entreprises de production de lait et dérivés des filiales du groupe Giplait à l'ouest, à l'est et au sud du pays. C'est le cas aussi pour la société de gestion des participations de l'Etat hôtellerie tourisme (SGP Gestour). La SGP Développement agricole fait part de l'intérêt manifesté par des personnes physiques et morales pour des prises de participation dans le capital social des filiales du groupe Liège d'Algérie (GLA/SPA). C'est véritablement le coup d'envoi des opérations de privatisation, pour peu que ces appels d'offres aboutissent. Liste des entreprises par SGP - Cabeleq (13) SGP câblerie et équipements électriques - Cegro (43) SGP céréales - Centre (73) SGP entreprises locales du centre (activités diverses) - Cojub (26) SGP boisson, jus et conserves - Consumet (18) SGP constructions métalliques - Diprest (10) SGP prestations diverses - Equipag (10) SGP équipements industriels et agricoles - Ergthy (13) SGP travaux hydrauliques - Est/Sud-Est (125) SGP entreprises locales de l'Est (activités diverses) - Genest (40) SGP études et engineering - Gephac (15) SGP chimie et engineering - Gestour (16) SGP tourisme et hôtellerie - Gestramar (8) SGP transports maritimes - Gica (16) SGP industries du ciment - Indelec (11) SGP industries électro-domestiques - Industries manufacturières (104) - Iprs (53) SGP industrie des produits rouges et sanitaires - Non affiliée à une SGP (5) - Ouest/Sud-Ouest (105) SGP entreprises de l'ouest (activités diverses) - Presse et communication (14) SGP presse et communication - Proda (45) SGP productions animales - Sgda (21) SGP développement agricole - Sintra (23) SGP travaux publics - Sogeports (10) SGP ports - Somines (7) SGP mines - Tragral (27) SGP transormations agroalimentaires - Transolb (31) SGP transormations sidérurgiques - Traven (10) SGP travaux énergétiques La liste n'est pas exhaustive M. R.