Que faut-il pour acquérir un logement en Algérie ? Des millions d'Algériens ruminent cette question angoissante tous les jours que Dieu fait. Que faire ? Attendre de l'Etat un geste de commisération pour un logement social ? Comme par le passé ? Non. Encore que par le passé, tout le monde n'a pas pu en bénéficier. Bien au contraire, une gestion chaotique qui n'a pu accorder ses faveurs qu'à une minorité de « méritants ». Mais, bref, la formule de logement social a été abandonnée ces dernières années aux dires des officiels, notamment les successifs ministres de l'Habitat. Ce type de logement n'a plus droit de cité en Algérie, sauf à une minorité de démunis que le gouvernement sait reconnaître de lui-même, mais qu'il distribuera capricieusement suivant les humeurs et les opportunités du moment. Comme ainsi l'Etat ne peut presque rien, reste alors le marché. Que peut bien l'économie de marché pour le logement ? Ce système dont se gargarisent les gouvernements successifs et qui les grisent à chaque déclaration, chaque discours professé. En fait, ce système économique est si atypique qu'il est organisé autour de l'Etat et du marché mais qui est à la fois contre l'action de l'Etat et celle du marché. Explication : l'Etat propriétaire des banques de la place laisse faire ces dernières qui, à leur tour, ne peuvent prendre en charge une demande bien réelle de crédit pour le logement. L'équation qui se résume comme suit reste aujourd'hui encore insoluble. Le loyer de l'argent coûte cher, les prix des appartements sont prohibitifs et les salaires sont en net décalage par rapport au coût de la vie. La situation est telle que les banques étatiques ou privées ne sont utiles pour les demandeurs de crédits, qui peuvent justifier d'un revenu mensuel même de cinq fois le SNMG, que s'ils sont capables d'en mettre, en apport personnel, un équivalent de deux cents millions de centimes pour postuler à l'achat d'un simple « F3 » au centre du pays. En d'autres termes, on vous propose au mieux un prêt qui correspond à la moitié du prix de logement. Du coup, le crédit bancaire exclut la quasi-majorité des Algériens réels demandeurs de financement. En réalité, ainsi que souligné plus haut, nous sommes dans le cas de constater absence de marché puisque l'offre et la demande ne se rencontrent pas. Mais si ainsi l'énoncé du problème est mathématique, la solution, elle, reste politique. Pourquoi ? Parce que dans la situation actuelle où l'on est en présence de ni Etat ni marché, il est plutôt nécessaire d'y remédier, pour rester dans l'air du temps, par une action combinée de l'Etat et du marché. Celle-là même que caractérise la formule abandonnée AADL et le « social participatif » mise en veilleuse. La situation fragile de la société montre qu'il faut autant de marché que possible et autant d'Etat que nécessaire. Et pour le logement, ça l'est.