Les lycéens ne décolèrent pas. La réponse du ministère de l'Education nationale contenue dans son communiqué rendu public, jeudi dernier, ne les a, semble-t-il, pas satisfaits. « Nous ne faisons pas de la politique. Nous sommes simplement inquiets, car nous ne voulons pas rater notre examen du bac », rétorquent les élèves de plusieurs lycées de la capitale ayant poursuivi hier encore, pour la deuxième semaine, leur mouvement de protestation pour exiger un allégement des programmes pédagogiques. En effet, le mouvement de protestation s'élargit. Des élèves de terminale de plusieurs lycées algérois et ceux de différentes régions du pays ont rejoint le mouvement. Au centre, à l'est et l'ouest du pays, les lycéens sont sortis dans la rue pour défendre une seule cause : « Sauver leur avenir en protestant contre la surcharge des programmes. » Le premier examen du baccalauréat, version réforme de l'éducation, leur fait peur. En plus des programmes surchargés, les élèves se plaignent aussi de la multiplication des épreuves du bac. « Il y a des filières où nous passerons au moins dix épreuves le jour de l'examen final », affirment des élèves que nous avons rencontrés hier à Alger. Initiateurs de ce mouvement, les lycéens de la capitale s'organisent. Hier, ils se sont rassemblés devant leurs établissements et ont même improvisé des marches vers le siège du ministère de l'Education de Hydra et l'annexe de ce même ministère, située à Ruisseau. La marche la plus imposante est celle organisée par les lycéens de Birkhadem, de Kouba et de Ben Omar vers le siège de l'annexe du ministère de l'Education. Plusieurs centaines d'élèves de terminale, parfaitement organisés, ont marché sur une dizaine de kilomètres pour rejoindre cet endroit. « Talamidh ghadhiboune, fi ennadjahi raghiboune (ces élèves sont en colère, car ils veulent la réussite) », scandent-ils tout au long du trajet. A hue et à dia, les élèves des autres lycées d'Alger-Centre, de Ben Aknoun et d'El Madania ont tenté également de marcher vers le ministère de l'Education. Empêchés par des policiers, certains d'entre eux ont été même tabassés. Entre temps, ceux qui ont marché vers l'annexe du ministère ont atteint leur objectif. Ils se sont rassemblés devant l'édifice en question. « Nous ne pouvons ni suivre ni assimiler autant de cours », nous déclarent ces élèves rencontrés sur place. « Ces programmes ne sont pas destinés pour nous. Nous avons suivi le système fondamental », ajoutent-ils à l'unanimité. Les délégués chez le secrétaire général du ministère Pour calmer les esprits, les responsables du ministère invitent les délégués des lycées à une réunion avec le secrétaire général du ministère, M. Khaldi. Deux par lycée, les représentants des élèves ont été conduits vers Hydra où est situé le siège du ministère. La rencontre a eu lieu. Résultat : selon Hakim, délégué du lycée des Frères Hamia (Vieux Kouba), M. Khaldi a donné sa réponse. « Il faut faire attention à la manipulation à des fins politiques des doléances des élèves », leur a-t-il lancé d'emblée avant de leur annoncer de nouvelles mesures. Les représentants des élèves, leur a-t-il ajouté, seront intégrés dans la commission d'évaluation trimestrielle de l'état d'avancement des cours, qui doit être installée prochainement. Il réaffirme également que « les sujets d'examen du bac ne porteront que sur les cours réellement réalisés ». L'autre mesure prise, selon lui, est la multiplication des cours de soutien. Cette dernière, affirme notre interlocuteur, a été rejetée. « Nous lui avons dit que les élèves sont épuisés et ne peuvent plus suivre les cours », dira encore Hakim. Quelle est la réaction des lycéens ? Selon lui, ils ne sont pas satisfaits et comptent poursuivre leur grève aujourd'hui.