Alors que le ministère de l'Education nationale tente de démasquer « les manipulateurs des potaches », le mouvement de contestation redouble d'intensité. Les lycéens mettent la pression face à un ministère qui n'arrive pas à convaincre. Ni le communiqué rendu public jeudi dernier ni l'audience accordée avant-hier par le secrétaire général du ministère de l'Education aux délégués de différents lycées d'Alger n'ont réussi à désamorcer la crise. Au contraire, la protesta s'étend à d'autres régions du pays. La grève des élèves de terminale s'est poursuivie pour la deuxième semaine. Hier encore, la mobilisation était plus forte à Alger. Marches, sit-in et rassemblements. Des centaines de lycéens ont séché les cours et sont descendus dans la rue pour crier leur ras-le-bol. A la place Audin, au cœur de la capitale, des centaines d'élèves ont improvisé une marche grandiose. Scandant des slogans hostiles au ministre de l'Education, les protestataires, cernés par un important dispositif de sécurité, ont marché jusqu'à la Fac centrale. « On ne veut pas être victimes des nouveaux programmes » et « nous ne sommes pas des cobayes », ont-ils écrit sur des pancartes brandies par des élèves marchant en tête de la foule. Ils sont venus des quatre coins de la capitale. Empêchés d'avancer par des policiers, les élèves se sont rassemblés à une centaine de mètres de la Grande-Poste. « Nous ne faisons que demander nos droits, nous n'avons rien fait d'autre », déclare une jeune fille à un policier en civil qui lui demande de quitter les lieux. « Qui vous manipule ? », lui répond-il. « Personne ! C'est notre avenir qui est en jeu », rétorquent à l'unanimité les lycéens. Les agents de l'ordre ont mis beaucoup de temps pour dégager la rue, complètement fermée par les contestataires. Entre temps, les délégués des lycées tentent de convaincre leurs collègues de quitter les lieux. « Maintenant, on doit rentrer. Je viens de revenir de l'Académie, on m'a donné une réponse favorable », lance à l'adresse de la foule Aymen, délégué du lycée Amara Rachid (Ben Aknoun). Il était 13h. Assemblée générale des lycéens jeudi Contacté dans l'après-midi, Aymen affirme que les délégués se réuniront jeudi au lycée Amara Rachid pour élaborer une plateforme de revendications. « Nous nous sommes mis d'accord. Demain, tous les lycéens vont reprendre les cours, en attendant les résultats de l'assemblée générale », indique-t-il. Reste à savoir si les élèves seront d'accord, car la plupart d'entre eux demandent une mesure rassurante et concrète pour mettre fin à la grève. C'est le cas notamment des centaines d'autres lycéens qui se sont rassemblés devant le siège de l'annexe du ministère de l'Education nationale, à Ruisseau. Là encore, une foule nombreuse est venue protester devant l'édifice. Ce sont des élèves des lycées de Birkhadem, de Kouba, de Garidi, de Ben Omar… Pour eux, la réponse du secrétaire général du ministère donnée avant-hier aux délégués n'est pas rassurante. « Nous craignons qu'ils (les responsables du ministère) ne respectent pas leurs promesses et que l'examen du bac sera plus difficile », souligne Kamel, délégué du lycée Garidi I. Soutenu par ses camarades Walid, Zakaria, Mohamed Lamine et Adel, Kamel exige « une décision écrite du ministère » avant de reprendre les cours. « Nous reviendrons également demain », ajoute-t-il. Les lycéens se montrent également en colère contre l'ENTV qui a ignoré leur mouvement. D'autres rassemblements et sit-in ont été également organisés à Hussein Dey, à Bab El Oued et à El Harrach.