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Libertés syndicales
« Le pluralisme doit être reconnu »
Publié dans El Watan le 24 - 11 - 2004

Les syndicats autonomes semblent devenir, depuis quelque temps, la cible privilégiée des pouvoirs publics. L'étau ne cesse de se resserrer sur les différentes organisations corporatistes qui activent dans les espaces qu'elles représentent. Dans le sillage de ces nouvelles donnes, à la fois « alarmantes et alarmistes », le Comité national des libertés syndicales (CNLS), un espace d'expression et de réflexion syndicales, créé le 6 octobre 2003, hausse le ton.
Retraçant les principales « infractions » des pouvoirs publics à la réglementation régissant l'activité syndicale, le CNLS, regroupant neuf syndicats autonomes, dénonce de la manière la plus forte ce qu'il qualifie de « volonté avérée de l'administration centrale » de museler toute voix discordante. Les décisions du gouvernement prises à l'encontre des syndicats ayant déclenché des grèves illimitées s'inscrivent en faux contre les lois de la République, voire certaines dispositions de la Constitution. La loi autorise les grèves sans jamais préciser ni spécifier leur durée. Elles sont décidées par les travailleurs et ne peuvent être suspendues que lorsque ces derniers le veulent, ce qui sous-entend qu'un dialogue a été engagé et a abouti à un compromis. Mais ce n'est pas le cas du Snommar (officiers de la marine marchande) et du Snpssp (praticiens spécialistes) », a indiqué hier le docteur Tahar Besbas, coordinateur du CNLS. Lors d'une conférence de presse animée au siège du Syndicat national des professionnels de la santé publique (SNPSP) à Alger, les représentants de cinq syndicats autonomes - les quatre autres n'ont pas pu venir - ont mis en exergue la « menace » qui pèse sur les libertés syndicales depuis que le gouvernement a pris des « sanctions » contre les représentants de certains syndicats autonomes pour avoir appelé à des grèves illimitées en septembre et octobre derniers. Sanctions traduites par des ponctions sur salaires et des suspensions temporaires.
Pluralisme syndical
Les animateurs de cette conférence, à savoir les représentants des deux syndicats du secteur de l'éducation (CLA et CNAPEST), ceux de la santé (Snpsp et Snpssp) et le représentant de la SATEF, ont vertement critiqué le déroulement de la bipartite qui n'a abouti, attestent-ils, à aucun résultat probant. A leurs yeux, le gouvernement fait tout pour « ignorer » le pluralisme syndical qui existe sur le terrain de la réalité en dépit de la volonté dissimulée de ce dernier. Selon le CNLS, « les différentes couches salariales n'ont senti aucun changement dans leur quotidien. Les discussions engagées entre le gouvernement et l'UGTA, qui devaient déboucher sur des décisions allant dans le sens de l'amélioration de la vie socioprofessionnelle des travailleurs, n'ont servi à rien ». Outre cela, le CNLS déplore « l'absence d'un dialogue franc et sérieux entre les pouvoirs publics et le partenaire social, qui ne devait pas se limiter à un seul syndicat ». « Si la bipartite a échoué, c'est parce qu'il n'y a pas eu de dialogue avec l'ensemble des représentants des travailleurs, ou plutôt les discussions sont limitées à un seul syndicat qui a eu l'exclusivité de parler au nom de tous les travailleurs, sans qu'il soit pour autant l'unique représentant », a expliqué le docteur Besbas. Ainsi, la bipartite a été vite contredite par les mouvements de grève ayant éclaté au lendemain de sa tenue. Aux yeux du CNLS, il existe un syndicalisme « à deux vitesses ». Il y a donc un syndicalisme reconnu officiellement et celui qui ne l'est pas, mais qui est toléré par les pouvoirs publics. Cette vision ségrégationniste de l'administration a fait que 50 syndicats sont enregistrés, mais ils ne sont pas reconnus à part entière.
Instrumentalisation
Pour le CNLS, qui, selon les animateurs de la conférence, ne répond pas à des ambitions d'arriver à de hauts postes de responsabilité, la justice a été « instrumentalisée » afin d'acculer et de bâillonner les syndicats autonomes. Redouane Osmane du CLA qualifie « les agissements de la tutelle de grave remise en cause de tous les droits fondamentaux ». Pour le représentant du SATEF, il y a aujourd'hui une « volonté de casser tous les organes pacifiques de médiation », avant de prévenir d'un pesant remake du 5 octobre 1988. Devant un tel constat peu reluisant de la situation des droits élémentaires des travailleurs, le CNLS, qui se veut un « espace de libertés », organisera demain au siège du CNES à Alger un meeting sur la thématique de la lutte syndicale en Algérie. Meeting qui « est ouvert à toute couleur syndicale, y compris l'UGTA, ainsi qu'à toute association ou toute personne qui s'intéresse à cette problématique », a souligné le docteur Besbas. L'objectif ? Selon les animateurs, il s'agit d'une initiative qui vise à promouvoir l'activité syndicale et à sonner le tocsin quant à la menace qui plane sur le syndicalisme. Les conférenciers sont unanimes à dire qu'il n'est pas question de baisser les bras. Les jours à venir s'annoncent chauds.


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