Durant les deux jours du mouvement de grève, une quarantaine d'arrestations ont été signalées dans les rangs des lycéens à Constantine. Ces derniers ont été libérés par la suite après l'ouverture de dossiers au niveau des services de la sûreté. Tôt dans la matinée d'hier, la ville était encore sous haute surveillance et jamais les abords des lycées ainsi que le siège de la direction de l'éducation, se trouvant en plein cœur de la ville, n'ont été autant sécurisés et aussi bien quadrillés par des policiers avec casques et matraques. En effet, des flopées de lycéens ont investi la rue pour leur deuxième jour de protestation, créant çà et là aux quatre coins de la ville d'immenses regroupements, des bouchons et un charivari qui ont « gentiment » bousculé l'ordre public. A Constantine, ils ont brûlé leurs tabliers pour demander à Benbouzid de « rendre le sien », comme nous l'affirmera, sans hostilité et jovialement, une lycéenne. Ils remettent en cause, avec tact et grande maturité, aussi bien à Hamma Bouziane, El Khroub, Didouche Mourad, qu'au niveau de la majorité des lycées de toute la wilaya, les coefficients des matières principales ; ils demandent l'allégement de programmes pédagogiques, trop pesants, la révision et la correction des manuels scolaires, pleins de bourdes, exigent plus de sécurité dans et aux abords des lycées, ainsi que la réhabilitation d'un baccalauréat pratique. Bien plus encore, ils sont unanimes à le signaler, ils se sentent profondément outrés pas les déclarations mal placées du ministre de l'Education et celles, plus honteuses, du directeur de l'éducation qui, pour toute justification, parlent de chahut de jeunes, de manipulation, de perturbateurs et « pourquoi pas la main de l'étranger », nous dira sur un ton ironique un lycéen. Et à un autre d'ajouter : « pourquoi ne nomme-t-il pas ces manipulateurs et ces perturbateurs avec lesquels il fait pression sur nos parents ? » A Jijel, plusieurs établissements ont été touchés hier par le mouvement de protestation des lycéens des classes de terminale pour exiger un allégement des programmes. Les futurs candidats au baccalauréat ont déserté les bancs des classes pour se rassembler devant les établissements sous le regard des agents de police. Devant les lycées Deraa et El Kendy, les jeunes ont tenté de battre le pavé, mais ont été dissuadés par la présence policière. Mais ce ne fut que partie remise, puisque les grévistes se sont donné le mot pour rejoindre la direction de l'éducation. Ainsi, les lycéens de cinq établissements de la ville de Jijel ont entamé en masse compacte une marche vers le siège de la direction de l'éducation. Aucun incident n'a été enregistré. Avant de se disperser dans le calme, les lycéens ont sillonné la route jouxtant le siège de la wilaya. Nous avons appris, par ailleurs, que du côté des pouvoirs publics une opération de sensibilisation, en collaboration avec les associations des parents d'élèves, a été lancée pour arriver à la reprise des cours. A Guelma, des centaines de lycéens, majoritairement élèves de terminale, venus des lycées du 1er Novembre, Challal, Abdelhak Benhamouda, ont rallié leurs camarades du lycée Mahmoud Benmahmoud hier en début de matinée. Une marche a été organisée pour protester contre le nouveau programme, toutes matières confondues, jugé trop contraignant. Les élèves se sont ensuite dirigés vers la direction de l'éducation, où seuls leurs représentants accompagnés des parents d'élèves ont été reçus par le premier responsable de cette direction. Notons que des garanties de prise en charge des problèmes soulevés par les lycéens n'ont pas été sujettes à un accord entre les deux parties. A la sortie, les élèves confirment l'imbroglio. Dans un ultime élan de protestation, les lycéens se sont dirigés vers le siège de l'APW pour emprunter l'artère menant à la wilaya de Guelma. Ils ont été bloqués à ce niveau par les forces de l'ordre, pour ensuite reprendre le chemin qui les mènera vers le parvis du lycée Mahmoud Benmahmoud vers midi où ils se sont dispersés. Djamel Belkadi, Fodil S., Karim Dadci