Les lycéens en classe de terminale protestent contre la surcharge de leur programme scolaire. Ils demandent que ceux-ci soient allégés. De nombreux professeurs du secondaire soutiennent cette revendication et jugent que les nouveaux programmes ne peuvent être appliqués correctement en moins de 45 semaines. Or, l'année scolaire a dans les meilleurs des cas 28 semaines. Si on retranche le temps consacré aux devoirs et aux examens (trimestriels), on aura donc une année de 25 semaines. Cela rend impossible de terminer le programme, à moins que les cours soient bâclés. Les classes scientifiques et techniques souffrent le plus de cette situation. Les changements opérés ont perturbé à la fois l'élève qui ne suit plus, mais aussi l'enseignant qui se retrouve avec un programme pour lequel il n'est pas préparé ou formé. Les sciences naturelles, comme matière, sont devenues dans le nouveau programme sciences expérimentales. Outre la dénomination qui a changé, les cours sont lents et compliqués. « Il y a trois chapitres dont chacun comprend au minimum quatre leçons, qui contiennent des expériences difficiles et compliquées. Dans l'ancien programme, les expériences sont plutôt simples, facilement assimilables et de surcroît présentées par l'enseignant. Dans le nouveau, on exige de l'élève de faire l'expérience de bout en bout. Cela prend souvent du temps du fait que l'expérience elle-même est scindée en plusieurs étapes, mais aussi du manque de compréhension de l'élève qui se perd dans ce processus complexe auquel il n'est nullement préparé », nous explique un enseignant en retraite. Cela demande plus de temps que ce qui est fixé dans le programme. Outre la densité et la complexité du programme, l'élève manque de pratique. « Dans l'ancien programme, les expériences se faisaient concrètement avec des éléments palpables que les élèves ramènent de chez eux, comme par exemple des œufs pour étudier les protéines, du lait pour les sels minéraux, etc. Maintenant, la seule pratique se fait sur internet. On demande à l'élève de consulter sur le Net par exemple la molécule de protéine, de l'insuline… ce qui le met dans une sérieuse difficulté », ajoute notre interlocuteur qui requiert l'anonymat. Cela fait que le programme n'avance pas. DECALAGE Selon lui, les professeurs, eux déjà, ne sont pas suffisamment préparés pour une meilleure application de ces nouveaux programmes. « Ils ont été rassemblés en groupe de 300 à 500 enseignants pour une journée voire une demi-journée de travail sur les nouveaux programmes. C'est très insuffisant », soutient-il. Un autre enseignant en mathématiques pose le problème de décalage entre la conception globale des programmes et la marge de travail journalier. « J'ai 5 heures par semaine pour un programme dont le manuel scolaire est de 700 pages. Ce programme est en-dessus des capacités intellectuelles de l'élève », relève-t-il. Le constat a été fait par un autre professeur dans la même matière qui estime que les nouveaux programmes « ne sont pas conçus pour le niveau des élèves algériens ». Le cas des cours de physique est aussi éloquent. Pour les classes scientifiques, le volume horaire est de 4 heures par semaine, mais il faut plus pour que les élèves puissent comprendre et assimiler leurs cours. Un enseignant nous fait savoir que pour terminer ce programme qui comprend 9 unités, il faudra 45 semaines. « On peut avancer rapidement si l'on ne se soucie pas du niveau de compréhension des élèves. Mais comment voulez-vous passer à un nouveau cours, lorsque le premier n'est assimilé qu'à hauteur de 20%. Cette marge n'est pas laissée par le concepteur de ces nouveaux programmes », souligne-t-il. La tâche se complique davantage pour les élèves lorsque le cours se réfère à d'autres cours supposés être étudiés auparavant, en deuxième AS, lorsqu'il s'agit des classes de terminale. « Cela nécessite donc un travail de recherche supplémentaire. Mais comme l'élève est quotidiennement acculé par de nouveaux cours lents et complexes, il ne pourra bien évidemment pas suivre », ajoute-t-il encore. Le programme de langue française dispensé pour les classes lettres et sciences humaines, qui comprend 4 projets dont chacun dispose de deux séquences, nécessite plus de 140 heures pour le mener à bien. Mais dans le programme, le temps réparti est de 96 heures. Les exemples sont nombreux. La surcharge des programmes laisse ainsi peu de temps aux élèves pour faire des travaux pratiques et des exercices à la maison. Surtout en ce qui concerne les classes scientifiques qui ont 10 filières dont les sciences islamiques et les filières techniques comme les sciences de gestion qui ont 11 filières. Si chacune d'elle nécessite des cours supplémentaires, combien d'heures faudra-t-il pour combler le déficit ? Peut-être, toute une autre année scolaire !