Ce jeudi marquera la fin du renouvellement des 13 bureaux des conseils de l'ordre d'Alger, entamé depuis le mois de novembre 2007. Un rendez-vous malheureusement entaché par de graves incidents. L'opération de dépouillement reportée d'une semaine à Blida, des batailles rangées dignes des films western, pour imposer l'alternance à Annaba, en vain, une opération de « liquidation » de candidats potentiels à Mascara, et une menace de boycott de l'élection du bureau par six listes de candidats sur sept. Si dans de nombreux barreaux les conditions dans lesquelles se sont déroulées les élections étaient réunies, malheureusement pour les plus importants, comme Alger, la vitrine du pays, la situation frôle une véritable crise et risque même d'aboutir à un report ou à une annulation comme cela a été le cas, en 2005, avant que la liste tant décriée ne soit réélue pour un deuxième mandat. Certains s'interrogent sur les vraies motivations de cette course acharnée aux 31 sièges de chacun des 13 barreaux, alors qu'il y a 20 ans, lorsque le nombre de ces derniers était de 4 au niveau national (Alger, Oran, Constantine et Blida), les sièges de bâtonnier étaient une consécration d'un long parcours professionnel. Aux graves dérives qui marquent de plus en plus le renouvellement de ces instances s'ajoutent le non-respect des délais de fin de mandat, et surtout le refus de céder la place à d'autres, en se succédant à soi-même à chaque mandat. Les jeunes qui rejoignent ce corps, un des piliers d'un Etat de droit, se retrouvent malgré eux à la veille de chaque campagne électorale, les otages de leurs directeurs de stage, ou tout simplement de leur bâtonnier. Le nombre impressionnant de ces stagiaires qui arrivent comme par hasard à la veille des élections, 1030 à Batna, 1400 à Annaba, 1500 à Alger et tant d'autres ailleurs, confirment la situation dramatique dans laquelle se retrouvent ces nouvelles recrues qui, dès le vote passé, sont livrées à leur sort, sans aucun suivi ou encadrement. Mieux, cette loi qui régit la profession des avocats, décriée depuis 2001, n'arrive toujours pas à être amendée, alors que toutes les autres liées à la justice se sont harmonisées avec le nouveau contexte socio-économique. Certains avocats ont même tiré la sonnette d'alarme en affirmant que la médiocrité qui ronge la profession va permettre aux cabinets d'avocats étrangers d'accaparer le marché. Déjà, bon nombre d'entre eux se sont installés, en dehors des normes en la matière, et en l'absence de toute réciprocité. La profession est aujourd'hui mise en dehors des débats, y compris ceux ayant trait à son existence. L'enjeu est très important et ne peut être résumé à un simple siège au sein d'un conseil de l'ordre ou à celui de bâtonnier (qui souvent mène vers des postes politiques). L'enjeu est la garantie d'une défense forte à travers un avocat compétent et suffisamment indépendant pour pouvoir éviter de sombrer dans les luttes d'intérêt purement personnels.