Plus de 3000 avocats de la capitale seront appelés demain, à la cour d'Alger, à renouveler les 31 sièges que compte le bureau du conseil de l'Ordre. Ce scrutin intervient deux mois après l'annulation, par décision du Conseil d'Etat, de l'élection de janvier 2008, dont les conditions de déroulement ont été contestées. A la veille de ce rendez-vous, déjà 18 candidats sur l48 se sont retirés de la course électorale pour, entre autres, « dénoncer les violations du règlement portant organisation du scrutin, interférence du bâtonnier sortant dans l'organisation de l'opération électorale et précipitation dans la tenue du scrutin ». Candidat à la tête d'une liste, maître Mustapha Bouchachi est parmi ces contestataires. Il a retiré sa candidature à la suite du refus de la commission de préparation de l'élection de reporter la date du vote. « Nous avons estimé que les confrères étaient en droit de connaître la décision du Conseil d'Etat et les motifs de l'annulation du scrutin de janvier 2008. Il aurait fallu retarder la tenue du vote et permettre de mieux préparer l'élection. Malheureusement, notre demande a été rejetée. Nous sommes en plein dans les conditions de janvier 2008 », a expliqué Me Bouchachi. Selon lui, en plus de « cette précipitation », le bâtonnier sortant – lui-même candidat – s'ingère dans le travail de la commission chargée de la préparation de l'élection. « Nous ne voyons pas pourquoi installer une commission et lui donner des missions pour que le bureau sortant lui emboîte le pas en s'ingérant dans ses prérogatives. Pour nous, les conditions de préparation ne sont pas réunies pour une élection propre et transparente. » Abondant dans le même sens, Me Chaoui n'a pas manqué de s'en prendre au bureau sortant, accusé « d'ingérence » dans la préparation du vote : « Nous assistons aux mêmes pratiques qui ont mené à l'annulation de l'élection de 2008. Le bâtonnier n'a pas le droit d'interférer dans l'organisation électorale. » Pour ces raisons, Me Chaoui, un des auteurs de la plainte déposée auprès du Conseil d'Etat, a préféré retirer sa candidature. Il avait saisi la chambre administrative pour exiger un report du scrutin, mais la décision n'a pas été en sa faveur. Me Chaoui ne compte pas lâcher prise, puisqu'il prévoit déjà de déposer un recours auprès de la commission électorale composée des maîtres Tayeb Belloula, Bentoumi, Abbeche. Le quatrième membre de cette instance, Me Ali Laouer s'est, quant à lui, désisté de cette mission du fait de « l'ingérence du bâtonnier sortant dans la préparation de l'élection ». Me Khaled Bourayou, candidat sur la liste du bâtonnier sortant, n'est pas du même avis. Pour lui, la préparation de l'élection se fait dans « de bonnes conditions », précisant toutefois que « les contestations viennent du fait que des personnes refusent la voix des urnes », soulignant au passage que « dans une démocratie, il faut se soumettre à la loi ». Me Belloula a, pour sa part, jugé les conditions de préparation de l'élection tout à fait « sereines et transparentes », en réfutant les accusations portées contre le bureau sortant, à sa tête le bâtonnier candidat. « Ce sont le règlement intérieur et la loi portant organisation de la profession qui font assumer au bureau sortant certains aspects de l'organisation électorale. Les élections de tous les conseils au niveau national se sont déroulées de la même manière. » L'avocat a estimé que les griefs pour lesquels le Conseil d'Etat a annulé l'élection de 2008 ont été rattrapés « pour plus de transparence et de régularité ». Il s'agit entre autres de la nécessité d'un isoloir lors du vote, la séparation par rapport aux autres avocats et enfin l'affichage du tableau de l'Ordre. Au sujet de ce dernier point, Me Belloula a noté qu'il est « difficile de mettre 4300 noms sur un tableau. Cependant nous avons estimé qu'il faut revoir ce tableau et le mettre à la disposition de tous les confrères », concluant que la commission examinera tous les recours qu'elle recevra, si recours il y a bien sûr. Pour de nombreux avocats, l'élection de demain ne constitue pas une priorité. Désabusés par les batailles rangées entre candidats en janvier 2008 et les sanctions réglementaires qui en ont résulté, ces robes noires ne croient plus en leurs instances représentatives. Le risque d'abstention est plus que jamais présent…