Deux importantes échéances attendent les responsables du Front Polisario en terre ibérique à partir d'aujourd'hui, jeudi 25 novembre 2004. La première, à partir de ce jeudi concernera la Conférence internationale de solidarité. Elle réunira durant trois jours les amis et sympathisants de la cause sahraouie. La seconde porte sur la rencontre entre José Luis Rodriguez Zapatero, chef du gouvernement espagnol, et Mohamed Abdelaziz, président de la RASD. Comment expliquez-vous l'absence de réaction des Nations unies au refus des Marocains de se soumettre à la solution Baker ? Le Maroc exploite la mollesse du Conseil de sécurité pour rejeter les résolutions onusiennes. Il est regrettable que ce conseil n'arrive pas encore à faire respecter ses décisions quand il s'agit du Maroc. L'ONU a raté une opportunité de régler ce conflit au moment où l'ancien secrétaire d'Etat américain James Baker était en charge du dossier. Une personnalité de cette envergure, d'une capacité et d'une pondération à toute épreuve et qui s'est dépensée durant sept ans pour régler le conflit, a malheureusement buté sur l'intransigeance du Maroc soutenu par un membre permanent du Conseil de sécurité. Quand nous constatons que des cas semblables au Sahara-Occidental ont été réglés par la persuasion, la pression ou l'intervention du Conseil de sécurité, comme au Koweït ou au Timor oriental pour ne citer que ces deux cas, on se demande à juste titre pourquoi cette politique sélective de la plus haute instance onusienne qui ne contribue nullement à régler ce conflit, nourri par les visées expansionnistes de Rabat. Des combattants du Polisario et des citoyens sahraouis croupissent depuis des années dans les geôles marocaines. Qu'en est-il exactement ? En effet, on dénombre jusqu'à présent plus de 500 disparus sahraouis dont les familles restent sans nouvelles depuis 1975. Les prisonniers de guerre, chiffrés par le ministère de la Défense à 150 combattants, sont aussi portés disparus. Les autorités marocaines refusent toujours de donner des précisions sur leur sort. C'est la même tragédie que celle des autres disparus. Les prisonniers politiques ont également payé de leur vie ou de leur corps cette répression systématique. Des dizaines parmi eux sont morts dans les tristement célèbres prisons de Galat Meguna, Agdez, FCCMI à El Ayoun. Les rescapés vivent avec des séquelles et des maladies contractées dans ces prisons et qu'ils traîneront toute leur vie. Les plus récents écroués, pour des délits confectionnés de toutes pièces, croupissent dans des conditions lamentables dans la Carcel negra (prison noire) à El Ayoun ou dans d'autres mouroirs du royaume du Maroc. Au pouvoir, Driss Basri, l'ancien ministre de l'Intérieur de Hassan II, avait été un irréductible de la marocanité du Sahara-Occidental au point d'initier lui-même la Marche verte. Aujourd'hui, il souligne le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Quelle lecture faites-vous de ce revirement ? Les dernières déclarations de l'ancien ministre marocain de l'Intérieur, Driss Basri, relatives à l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, organisé et supervisé par l'ONU, attestent d'une vision sage, constructive, réaliste et responsable. Elle est logique et normale car conforme à la légalité internationale. Des rencontres au plus haut niveau entre responsables sahraouis et marocains, y compris avec le défunt Hassan II et l'actuel roi du Maroc, avaient été engagées dans ce sens. Ce qui est surprenant, voire scandaleux, c'est la légèreté avec laquelle le gouvernement marocain actuel renie ses engagements vis-à-vis de la doctrine de l'ONU en matière de décolonisation et des accords et plans de solution auxquels il a solennellement souscrit. Pareille désinvolture est génératrice de déstabilisation et ouvre les perspectives de l'imprévisible. Vous allez être reçu, ce vendredi, par José Luis Zapatero, chef du gouvernement espagnol. Que pouvez-vous en attendre ? Je tiens ici à rappeler que l'Espagne est l'ancienne puissance colonisatrice du Sahara-Occidental. Il demeure, selon les statuts de l'ONU, responsable du parachèvement de la décolonisation du territoire. L'Espagne est redevable au peuple sahraoui de cette dette historique. La cause sahraouie bénéficie d'un grand soutien au sein de la société civile espagnole et au sein des peuples d'Espagne. Nous entamons un dialogue permanent avec le gouvernement espagnol. Durant les derniers mois, nous avons reçu des membres du gouvernement espagnol, et des ministres sahraouis ont eu des entretiens avec de hauts responsables espagnols à New York et Madrid. Pour couronner tout cela, nous avons un rendez-vous dans la matinée de ce vendredi 26 novembre à la Moncloa avec le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.