Plusieurs ministres des pays membres de l'Organisation soutiennent que le marché est bien fourni. L'Opep devrait laisser son plafond de production inchangé quand elle se réunira demain à Vienne dans une conférence extraordinaire, décidée le 5 décembre 2007. C'est ce qui ressort des multiples déclarations faites par les ministres des pays membres de l'Organisation, ces derniers temps, malgré les appels de la plupart des pays consommateurs et de l'AIE pour une augmentation de la production. Le ton avait été donné à Alger au début de l'année lorsque le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, faisait sa première sortie publique en tant que président de l'Opep. Il a estimé que les prix, après qu'ils ont atteint les 100 dollars le baril, ne reflètent en rien l'offre et la demande et a considéré qu'il y avait un équilibre entre l'offre et la demande. « Maintenant le problème crucial c'est l'évolution de la situation économique aux Etats-Unis et en Europe, parce que c'est cela qui va définir un peu pour le restant de l'année, ce qui va arriver », a-t-il indiqué en ajoutant que « s'il y a vraiment une récession à ce moment-là, il y aura un impact sur la demande. Donc l'Opep n'a aucun intérêt à augmenter la demande si on sait que plus tard elle aura besoin de réduire ». Une dizaine de jours plus tard, le président de l'Opep était relayé par le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al Nouaimi, qui répondait lors d'une conférence de presse à Riyad aux questions des journalistes accompagnant le président américain en visite en Arabie Saoudite. « L'Arabie Saoudite augmentera sa production de pétrole si le marché l'exige », avait indiqué le ministre saoudien en réponse à une question sur la probabilité d'une augmentation de la production à la suite de la demande faite directement par le président américain au roi d'Arabie Saoudite au cours de sa visite. Depuis, plusieurs ministres des pays membres de l'Organisation ont développé la même thèse, à savoir que le marché est bien fourni et que les prix ne reflétaient pas les fondamentaux. Mardi soir dans un entretien accordé à Euronews, le président de l'Opep avait indiqué que la réunion du 1er février allait étudier tous les éléments en précisant toutefois qu'« il y a beaucoup de réserves sur le marché, le problème, c'est qu'au second trimestre, la demande pourrait baisser et la plupart des membres de l'Opep pensent qu'on ne doit pas augmenter la production, parce qu'on a suffisamment de pétrole disponible ». Dans un document publié récemment, l'Opep avait estimé que la spéculation était la force motrice actuelle du marché et ses effets étaient la hausse des prix et la volatilité. Le pétrole est devenu un actif financier qui draine des sommes importantes à la recherche de gains appréciables et la baisse du dollar favorise ces pratiques en attirant beaucoup d'argent sur le marché pétrolier. Pour l'Opep, le prix du pétrole a été détaché des principes fondamentaux que sont l'offre et la demande. Actuellement, le plafond de production de l'Opep est de 29,673 millions de barils par jour pour 12 membres, l'Irak n'étant pas concerné par les quotas. La politique de prudence de l'Opep se justifie depuis l'été dernier avec l'apparition de la crise financière aux Etats-Unis. Les craintes d'une récession évoquée régulièrement par des analystes et la probabilité que cette récession s'élargisse au reste du monde rendent l'Opep encore plus prudente. L'approche du second trimestre, qui marque la fin de l'hiver et induit une baisse de la demande mondiale de pétrole, est un autre motif de prudence pour l'Opep. Pour le deuxième trimestre de l'année 2008, l'Opep mise sur une baisse de la demande de 1,45 million de barils par jour. Une baisse qui devrait faire encore reculer les prix en plus du recul de croissance attendu. Hier vers 18h, le baril de brent était coté au-dessus de 91 dollars, de même que le light sweet crude à New York.