Moment de stupeur hier dans la capitale mauritanienne où le débat autour des relations entre ce pays et Israël fait rage. Une forte tendance vers une rupture est apparue ces derniers jours, et le débat n'est plus alimenté que par un obscur parti d'opposition, mais par une partie importante de la représentation parlementaire, la Mauritanie étant officiellement le troisième pays arabe, après l'Egypte et la Jordanie, à accueillir sur son territoire une représentation diplomatique israélienne. L'opposition apparue il y a quelques années déjà, s'est accrue depuis qu'Israël a imposé un blocus inhumain au territoire palestinien de Ghaza. Un groupe de six hommes a ainsi attaqué à l'arme automatique, hier à Nouakchott, l'ambassade d'Israël en Mauritanie, faisant des blessés, dont un Français touché par une balle perdue. « Je confirme que des tirs ont visé notre ambassade à partir de la rue. Je confirme qu'il n'y a aucun blessé, ni parmi le personnel de l'ambassade ni parmi les Mauritaniens travaillant pour l'ambassade », a déclaré l'ambassadeur israélien Boaz Bismuth. Selon lui, l'ambassade était vide lors de l'attaque, vendredi peu après 2H (locales et GMT). Il a ensuite précisé dans une interview à la radio publique israélienne, « qu'un seul individu avait tiré. » Un témoin mauritanien, Ali Fall, a fait état de cinq blessés, dont une « femme étrangère ». Mais il s'agit probablement d'un ressortissant français, touché par une balle perdue. L'attaque a eu lieu en pleine nuit, peu après 2H locales. Les gardiens de l'ambassade – des militaires mauritaniens – ont immédiatement riposté et les assaillants se sont rapidement retirés. L'armée mauritanienne a bouclé le secteur depuis l'attaque. Celle-ci intervient au moment où de plus en plus de voix s'élèvent en Mauritanie pour demander la rupture des relations diplomatiques avec Israël établies après la normalisation intervenue en grande pompe lors de la première conférence ministérielle euro-méditerranéenne en novembre 1995. Dimanche, rappelle-t-on, le président de l'Assemblée nationale de Mauritanie avait appelé à « reconsidérer » des relations qualifiées de « honteuses » avec l'Etat hébreu, accentuant ainsi la pression sur les autorités. C'était la première fois qu'un responsable mauritanien demandait, officiellement, et à ce niveau du pouvoir, de « reconsidérer » ces liens. Le président de l'Assemblée, Messaoud Ould Boulkheir, est le troisième personnage de l'Etat après le chef de l'Etat et le président du Sénat. Il n'a fait que joindre sa voix à plusieurs autres, contribuant à amplifier le message revendiquant la rupture de ces relations.