« Le stationnement pour les véhicules de transport est un calvaire quotidien en raison de l'exiguïté de cet arrêt », nous déclarent trois transporteurs rencontrés à la station de fourgons du stade 1er Novembre, sise sur la RN 12, à l'entrée est de la ville de Tizi Ouzou. Cette aire qui dessert les daïras de Azazga, de Mekla, d'Ifferhounen, de Aïn El Hammam, des Ouadhias, des Ouacjfs, d'Ath Yenni, de Tizi Rached et de Larbaâ Nath Irathen, n'arrive plus à contenir les centaines de fourgons qui tentent de s'y frayer une place à longueur de journée. « Plus de 400 véhicules se bousculent sur place », ajoutent nos interlocuteurs, soulevant l'« insalubrité, le manque d'entretien et l'absence de quais ainsi que toute signalisation pour les milliers d'usagers », en précisant que les toilettes publiques y sont inexistantes. La station donne l'aspect d'une immense gare à ciel ouvert que traverse la RN 12 avec son incessant trafic. « Nous nous retrouvons forcés d'utiliser la rive nord de la route et le trottoir pour pouvoir stationner », affirme, dépité, un transporteur. Le jour de notre visite, l'on nous a signalé une agression, par des pickpockets, d'un voyageur à qui on aurait volé son téléphone mobile. Un phénomène devenu une pratique courante sur ces lieux où « l'insécurité est totale pour le client tout comme pour le transporteur », regrettent nos vis-à-vis. En changeant de station, le décor et les préoccupations restent les mêmes. L'arrêt de la Kabylie maritime, connue sous le nom de « station de Ouaguenoun » se trouve sur un trottoir mitoyen du carrefour M'douha.« Cet arrêt existe depuis quatre ans. Comme vous voyez, c'est une aire trop exiguë pour ces centaines de véhicules », nous confie un agent « pointeur » chargé de l'orientation et de l'accueil des voyageurs, très au fait des problèmes que rencontrent ses collègues transporteurs. Il nous énumère les maux dans lesquels patauge la corporation. « Encombrement, insécurité, non-respect des arrêts par certains transporteurs » sont, selon lui, le lot quotidien des usagers des lieux. « Nous avons informé la direction des transports, il y a de cela deux mois, sans suite palpable », précisent quelques chauffeurs attentifs à notre discussion. A propos de l'insécurité, l'on nous déclare : « Les vols et les agressions y sont légion. Nous souhaitons que les services de sécurité daignent patrouiller et faire quelques rounds sur les lieux désertiques dès la tombée de la nuit. » Un autre transporteur enchaîne : « Il suffit de marquer le moindre arrêt sur la voie pour voir tomber le couperet de la mise en fourrière du véhicule par la police ». Interrogés à ce sujet, des représentants de l'association des transporteurs de voyageurs de Larbaâ Nath Irathen nous confirment ce constat peu reluisant. Pire encore, « des fraudeurs sévissent impunément, et nous avons alerté maintes fois les autorités compétentes », nous déclare-t-on, précisant que « la ligne LNI-Tizi Ouzou est saturée, pourtant de nouveaux fourgons s'y ajoutent régulièrement. Nous avons recensé plus de 100 fourgons ayant des autorisations de ligne, et près de 60 autres clandestins. La direction des transports nous a reçus, il y a quatre mois, et nous lui avons soumis ce dossier. On nous a promis d'y remédier, mais à ce jour, il y aurait une trentaine de transporteurs de plus qui sont arrivés ». Ce syndicat, créé il y a plus d'une année, ne cesse d'entreprendre des démarches pour organiser, un tant soit peu, la profession de transporteurs, mais pour ses animateurs, le manque d'implication des pouvoirs publics (APC, DT et services de sécurité) laisse le champ libre à toutes sortes de pratiques.