Le président français décerne au candidat Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, un grand satisfecit. « J'assume tout ce que j'ai dit et fait par le passé sur le sujet », dit-il en faisant allusion à des propos tenus lorsqu'il était ministre de l'Intérieur et qui lui ont été beaucoup reprochés. Paris : De notre bureau Lors de visites fin 2005 dans la banlieue parisienne, il avait promis de débarrasser la « dalle d'Argenteuil » de sa « racaille » et de nettoyer au « Kärcher » une cité de la Courneuve, quelques semaines avant une flambée de violences urbaines. Endossant avec joie son ancien costume du premier flic de France, Nicolas Sarkozy a promis hier de mener une « guerre sans merci » contre les trafics et les « voyous » dans les cités sensibles et annoncé le déploiement de 4000 policiers dans ces quartiers. « Les habitants des quartiers sont les premières victimes d'une minorité de voyous. Nous allons mettre fin à la loi des bandes, à la loi du silence, à la loi des trafics, en donnant une nouvelle impulsion aux Groupes d'intervention régionaux », retrouvant ainsi son thème favori, la sécurité. « Le président a repris plusieurs idées qui figuraient dans les doléances des quartiers que nous avions récoltées : l'idée d'un contrat d'autonomie et que tous les ministres travaillent ensemble, ça c'est bien. Mais il ne nous a pas parlé des moyens et de la méthode. Il ne nous dit rien sur l'aide à apporter aux parents, alors que c'est essentiel. Il préfère insister sur les voyous, l'immigration », constate Mohammed Mechmache du collectif AC le feu. Pourtant, le président français n'a pas fait que dans le répressif. Pour les jeunes habitants des banlieues, il entend donner un autre message : « Je veux dire à ces enfants qui sont français et qui croient souvent à tort, et quelquefois à raison, qu'une partie de la France les aime moins, je veux leur dire que personne ne sera jugé sur la couleur de sa peau ou l'adresse de son quartier. Je veux une démocratie irréprochable et nous allons en graver les principes dans le préambule de notre Constitution. » Et de proposer aussi des mesures concrètes pour désenclaver la banlieue et d'offrir aux habitants une seconde chance. Les associations se montrent dubitatives sur les moyens. « On reste un peu sur notre faim. Il y avait beaucoup d'attentes autour de ce plan parce qu'il y a eu beaucoup d'effets d'annonce. Au final, à part des "on va", "il faut", "y a qu'à", il n'y a pas grand-chose », se désole Stéphane Ouraoui, président de Pas de quartier, tous citoyens. La présidente de Ni putes ni soumises, Sihem Habchi, a « bien entendu la volonté réelle du président Sarkozy de casser le mécanisme de l'exclusion, mais reste un peu sur sa faim parce que la question des moyens n'a pas été abordée ». Même son de cloche dans l'opposition. Manuel Valls, député-maire PS d'Evry, se dit dubitatif. « C'est un discours sécuritaire, caricatural, moraliste sur la banlieue auquel il faut de la continuité et des moyens financiers », dira-t-il.