L'Algérie a appelé à la mise en place d'un organe subsidiaire, en vue de négocier un instrument international « juridiquement contraignant » sur les garanties de « sécurité négative ». La question du désarmement est encore et toujours abordée au strict plan bilatéral, alors que les Nations unies soutiennent un plan plus global afin d'enrayer la course aux armements. Beaucoup estiment qu'un tel cadre est irremplaçable, mais les deux grandes puissances nucléaires Etats-Unis et Russie maintiennent la distance et offrent au monde une image à laquelle manque la sérénité. En témoigne la polémique de ces derniers mois, relative au bouclier antimissile que les Etats-Unis envisagent de déployer en Europe, amenant les Russes à hausser le ton, et geler l'application d'accords non encore périmés, mais dont l'opinion se souvient très peu. Qu'en penser alors, et quelles retombées pour la sécurité internationale ? En ce sens, l'Algérie a appelé à protéger les pays nondotés de l'arme nucléaire contre toute menace de l'utilisation de ces armes. « Les puissances nucléaires reconnaissent, en principe, le droit de prémunir les Etats non dotés de l'arme nucléaire contre l'emploi ou la menace de l'emploi de ces armes. Si tel est le cas, pourquoi ne pas reconnaître à nos Etats le droit d'obtenir des garanties à cet effet, dans le cadre d'un instrument juridique international contraignant ? », s'est interrogé l'ambassadeur algérien Driss Jazairi, tout en estimant que le risque de prolifération nucléaire « subsiste » avec « l'inquiétude que suscite l'existence de 27 000 têtes nucléaires dont 2 000 prêtes à être lancées ». A cet égard, l'Algérie a appelé à la mise en place d'un organe subsidiaire, en vue de négocier un instrument international « juridiquement contraignant » sur les garanties de « sécurité négative ». Loin de ce cadre multilatéral, la Russie, dans son face-à-face avec les Etats-unis, fait savoir que les nouvelles armes qu'elle développe sont une « réponse nécessaire » au projet américain de déploiement d'un bouclier antimissile. Des propos qui précédent de quelques heures l'ouverture à Munich (Allemagne) d'une conférence internationale sur la défense, où le premier vice-Premier ministre Sergueï Ivanov devait rencontrer le secrétaire américain à la Défense Robert Gates. Vladimir Poutine a déclaré vendredi que la Russie « répondrait » toujours aux « défis » internationaux tels que la « course aux armements », en développant notamment de nouvelles armes. « Une nouvelle spirale de la course aux armements est lancée dans le monde », a déclaré le Président russe lors d'un discours au Kremlin, devant l'ensemble des responsables politiques russes. « L'Otan s'élargit, rapproche son infrastructure militaire de nos frontières. Nous avons liquidé nos bases à Cuba et au Vietnam. Qu'avons-nous eu en échange ? De nouvelles bases américaines en Roumanie, en Bulgarie. Des éléments du bouclier antimissile seront déployés en Pologne et en République tchèque », a-t-il poursuivi. « On tente de nous convaincre que tout cela n'est pas dirigé contre la Russie. Nous ne voyons aucune mesure concrète (de la part de l'Occident) pour chercher un compromis », a-t-il martelé. Dans la foulée, Washington a assuré que son projet de bouclier antimissile était « l'antithèse » de la course aux armements de la guerre froide. Une belle cacophonie, mais dangereuse en même temps sauf si bien entendu, un tel discours ne sera pas suivi d'effets. Comme tendrait à le montrer l'accueil réservé par MM. Ivanov et Gates à l'appel du directeur général de l'AIEA (Agence internationale à l'énergie atomique), « Tout le monde nous pointe du doigt, vous et nous, nous sommes responsables de tout », a déclaré en riant Sergueï Ivanov à l'adresse du secrétaire américain à la Défense Robert Gates. Tout aussi amusé, Robert Gates lui a répondu devant la presse : « Comme toujours, il y a des choses qui ne changent jamais. » « Guerre froide ou pas, c'est toujours la même chose », a répliqué M. Ivanov, avant que les deux hommes n'éclatent de rire, manifestant devant les journalistes une bonne humeur assez rare dans les relations russo-américaines ces derniers mois. Qualifiant les Etats-Unis et la Russie de « Big boys », le directeur général de l'AIEA venait d'estimer que les deux pays détenteurs des plus grands arsenaux nucléaires devaient « montrer l'exemple » en matière de désarmement. MM. Ivanov et Gates, qui ont travaillé tous deux pour les services de renseignement de leurs pays respectifs durant la guerre froide et même après, ont cependant déjà fait montre d'une certaine complicité en public à d'autres occasions. Est-ce réellement le cas ? Le monde n'a pas les moyens de le savoir.