Rien n'est offert aux jeunes de la commune. Se shooter est leur seule occupation quotidienne. » Mounir, la trentaine à peine entamée, assure que la commune de Raïs Hamidou, qui défraie souvent la chronique médiatico-judiciaire, n'offre rien à ses jeunes désœuvrés. Comment le peut-elle lorsque l'on sait les prérogatives des élus leur permettant à peine de choisir des terrains pour de chimériques projets. Cette lapalissade, connue de tous, semble se confirmer partout où l'on va dans cette commune de l'ouest de la capitale. Des dealers qui en ont fait leur précarré écoulent la « zetla » et autres hallucinogènes sans être inquiétés. Ces trafiquants au petit pied, on les trouve partout, surtout à la plage La Rascasse, où il est « risqué » de s'aventurer à une certaine heure de la journée. « La nuit, personne n' y va », raconte-t-il. Les raisons de l'apparition de ce trafic sont les conditions sociales. La tendance est, semble-t-il, à la baisse après que les policiers eurent mis le paquet. « Que nenni ! », insiste Mounir adossé contre la balustrade qui surplombe cette plage populaire qu'est Franco. « Les escaliers qui y mènent sont sales. C'est à croire que les gens n'ont pas où se soulager », insiste-t-il. Plus loin apparaissent des traînées de boue et d'eaux usées. Sur toute la plage et à flanc de falaise, des tessons sont visibles. Il n'y a pas un endroit qui soit épargné. Quatre dépôts et des bars de la localité ont été mis sous scellés, les autorités invoquant toujours le manque d'hygiène et les tapages dérangeant les riverains. Un bar au bord de la mer a été fermé puisqu'il a été le théâtre d'un crime. « Il se trouve à quelques mètres de la plage et la propriétaire réside toujours là et son commerce, au rez-de-chaussée, est fermé. » Mounir est déçu, l'aspect touristique de la ville, la commune n'en a cure. Même si l'on opte pour la fermeture des dépôts, il y a toujours des personnes pour acheter leurs spiritueux et les consommer là, à quelques encablures du commissariat de la commune. « On a tort de les fermer puisque les consommateurs s'approvisionnent ailleurs, surtout à La Madrague, à Aïn Benian », relève notre interlocuteur. Au loin apparaissent les baraques des pêcheurs et « des concessions » offertes aux jeunes pendant la saison estivale. De ces plages, on ne s'en rappelle qu'à l'approche de la saison estivale. Cinq sur les douze plages restent fermées aux baigneurs. Le Bar, Casserole, Chalon, Grande Réserve, Miramar et Franco sont ouvertes aux plaisanciers alors que la Rascasse, Sport nautique ou encore Petite plage ne le sont pas en raison des égouts. Aucune des infrastructures prévues par l'actuel exécutif n'est sortie de terre. Le port de plaisance et de pêche, qui fut promis aux résidants de l'ex-Pointe Pescade, n'est, semble-t-il, que chimère. Pour le premier vice-président, « les études ont été finalisées et un budget de 100 milliards de centimes a été dégagé pour ce projet ». Seule excuse mise en avant : le programme est sectoriel. « On n'est pas associé à fond dans la réalisation du projet », rappelle-t-il. Deux hôtels, deux parkings de 250 places employant pas moins de 500 personnes auraient pu trôner sur le front de mer, s'enorgueille-t-on. « Sauf impondérable, relève M. Zaïoua, P/Apc de Raïs Hamidou, le projet finalisé par le laboratoire des études maritimes (LEM) devait être lancé et le port qui devait avoir le quart de la capacité du port d'El Djamila terminé. » Il n'en fut rien. Presque de l'autre côté, le siège de l'Apc est visible, s'il n'y avait pas le fronton, on aurait cru voir une quelconque maison à deux étages, comme il y en a tant dans cette commune-dortoir. Boudjemâa Zaïoua retrouvera son poste de P/Apc et gardera quelques-uns des élus de l'ancienne équipe. Le Parti des travailleurs s'arrogera, « contre toute attente », trois sièges alors que le HMS et le FNA en auront un chacun. La commune n'a trouvé son autonomie qu'au milieu des années 1980, alors qu'elle faisait auparavant partie de la commune de Bologhine. Par ce partage, a-t-on réglé les problèmes des administrés ? « Pas si sûr », relève une employée de l'Apc. « Je vis à Baïnem (actuelle Hammamet) mais je suis native de la commune. La population à laquelle j'ai souvent affaire a décuplé, ses soucis aussi », affirme-elle. A juste titre, d'ailleurs. Ici, pas de centre-ville, exceptée la RN 11 qui « fait la ville ». De part et d'autre de cette route grouillante, s'étale une procession d'habitations à deux étages et à l'architecture dissonante. Pas de marché communal : les seuls vendeurs de légumes ont leurs échoppes – le sont-elles réellement ? – adossées au CFPA du centre-ville. Le seul semblant de marché de proximité installé à l'entrée de Franco par l'Apc a été fermé par la wilaya qui l'a trouvé très proche de la route, relève le vice-président. Une alternative possible : au lotissement Pagnodel sur deux étages où seront aménagés les nouveaux locaux de la centaine de jeunes bénéficiaires et ceux qui y activent toujours. Aussi, l'unique salle de sport de la commune, la salle Boukechoura, visible à tous ceux qui passent par la RN 11, a fermé depuis longtemps. Des travaux y sont engagés par la DJSL. Pas de terrains de jeux également, à part quelques terrains battus transformés en stade matico de fortune. Seule nouveauté dans cette municipalité sous perfusion : la campagne de capture des chiens et des chats lancée en grande pompe par les instances communales. Les projets, la commune n'en a lancé que quelques-uns. « Comment peut-elle le faire avec un budget de 3 milliards de centimes ? », s'interroge l'élu en affirmant que seules une crèche et une cantine ainsi qu'une salle d'études à Sidi El Kébir sont en phase d'être livrées. « Rien de vraiment important n'a, à cet effet, été entrepris durant les deux mandats ; il n'y a qu'à consulter les journaux de l'époque de l'exécutif communal pour se rendre à l'évidence », atteste un employé qui montre des photos qui tapissent les murs du siège de l'Apc. C'est à croire que notre fierté est dans ce passé colonial qui ne passe toujours pas. Les nostalgiques d'une certaine France de papa ont toujours pignon sur rue.