Au deuxième jour de la grève à laquelle a appelé l'intersyndicale autonome de la Fonction publique, les initiateurs de cette action ont affiché leur entière satisfaction quant au taux de suivi du mot d'ordre de débrayage, et ce, malgré la pression de l'administration sur les grévistes. Hier encore, plusieurs autres fonctionnaires affiliés aux différents secteurs ont adhéré à la protestation, battant ainsi en brèche les commentaires des ministères de tutelle, notamment celui de l'Education, qui ont tenté de minimiser les résultats du débrayage en avançant des chiffres insignifiants relatifs au taux de suivi. En optant pour une grève de trois jours qui sera couronnée par un sit-in des membres des conseils nationaux de l'intersyndicale devant le Palais du gouvernement, les syndicats entendent mettre devant ses responsabilités le chef du gouvernement. La question de la préservation du pouvoir d'achat dépasse en effet le cadre d'un ministère. Elle engage tout un Etat qui a le devoir d'assurer un minimum de vie décente à ses fonctionnaires. Aujourd'hui, les représentants du CLA, Cnapest, Satef, Snapap, Snte, Snpem, Ceca et Cnes organiseront un sit-in devant la chefferie du gouvernement pour manifester leur mécontentement contre les statuts particuliers et l'érosion de leur pouvoir d'achat. Cette action a pour objectif essentiel de rendre visible la lutte syndicale. L'intersyndicale est composée de huit organisations autonomes qui se sont adressées à maintes reprises à leurs ministères de tutelle pour la prise en charge de leurs doléances, en vain. Face à cette situation, les syndicats ont alors décidé de changer de stratégie en allant directement à la source pour revendiquer leurs droits. « Nous avons une plate-forme de revendications claire et nette. Nous allons la soumettre aujourd'hui au chef de l'Exécutif, et également la reproduire sur une banderole que nous brandirons au niveau de la chefferie du gouvernement », a souligné M. Lemdani, responsable du Cnapest. Celui-ci a tenu à répondre au ministre de l'Education qui a estimé le taux de suivi au niveau du secteur de l'éducation à 6%. « Les établissements du secondaire ont à 90% adhéré au débrayage, ceci est une réalité et elle est vérifiable sur le terrain. Hier, la grève s'est poursuivie et a même touché les cycles primaire et moyen dans certaines wilayas, à l'image de Bouira », a-t-il indiqué . En réponse au ministre, M. Lemdani a déclaré qu'« il est préférable pour celui-ci de ne pas nier une vérité qui s'est imposée d'elle-même et d'ouvrir les portes des négociations. Nous ne faisons pas la grève de gaieté de cœur, mais parce que le fonctionnaire algérien vit dans la précarité ». Concernant la coordination nationale des sections Cnes, son porte-parole, M. Cherbal, a confirmé hier que la grève a été massivement suivie à l'université de Bab Ezzouar, à Alger, puisque 23 amphithéâtres sur 24 ont été paralysés, ainsi que dans d'autres universités et instituts concernés par le mouvement de protestation. Pour rappel, les grévistes des huit syndicats continuent de réclamer un statut capable de leur assurer une dignité, une stabilité et des conditions de travail adéquates ainsi qu'un pouvoir d'achat garantissant une vie décente. Ils exigent une augmentation de salaire, associer les syndicats autonomes à l'élaboration des statuts particuliers, la revalorisation du point indiciaire, la révision du régime indemnitaire, l'abrogation de l'article 87-bis, la réintégration des vacataires et la préservation du pouvoir d'achat.