L'intersyndicale autonome de la Fonction publique qualifie le mouvement de débrayage, deuxième action de protestation depuis le début de l'année 2008, de grande réussite et de succès total. L'arrogance et le mépris des pouvoirs publics envers les syndicats autonomes de manière générale et les fonctionnaires plus particulièrement mèneront inévitablement vers une escalade de la contestation sociale. » C'est là le constat établi hier au troisième et dernier jour de la grève, à laquelle a appelé l'intersyndicale autonome de la Fonction publique, par les représentants des huit syndicats formant cette nouvelle structure. Les initiateurs de cette action qualifient ce mouvement de débrayage, deuxième du genre depuis le début de l'année 2008, de grande réussite et d'un succès total. De ce fait, les syndicats envisagent, vu la détermination et la mobilisation des fonctionnaires, de radicaliser leur mouvement et de hausser le ton, si les pouvoirs publics continuent à les ignorer et à leur tourner le dos. Les syndicats regrettent, dans ce sillage, l'attitude des pouvoirs publics qui continuent à appliquer la politique de l'indifférence à l'égard non seulement des fonctionnaires mais du peuple dans son ensemble. « Face à cette situation, nous pensons que les pouvoirs publics se plaisent dans les grèves et ne se soucient guère du devenir ni des élèves ni des étudiants. De notre point de vue, ce sont les pouvoirs publics qui prennent en otages les collégiens et non pas les organisations syndicales », a soutenu M. Lemdani, chargé de l'information au niveau du Cnapest. A l'unanimité, les représentants de l'intersyndicale se sont interrogés sur le comportement et le mutisme du gouvernement. « Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement veut créer un climat de confrontation avec les syndicats autonomes ? Nous avons l'impression que les pouvoirs publics utilisent tous les moyens pour nous provoquer », se sont-ils exclamés. Les syndicats se sont réunis hier pour évaluer leur mouvement à l'échelle nationale. Le secteur de l'éducation a connu, selon les syndicalistes, une perturbation notable et un taux de suivi très élevé. A Bouira et Tipaza, pour ne citer que ces deux wilayas, la grève a été observée même par les enseignants des cycles primaire et moyen. « Nous sommes satisfaits du taux d'adhésion des enseignants et du personnel des structures à ce débrayage. Au sein du CLA, l'on estime que la grève a été massivement suivie. Un nombre très infime de lycées n'a pas suivi cette grève », a souligné un membre du CLA qui précise que sur les 140 établissements secondaires existants dans la wilaya, seuls 10 lycées ont fait défection. En outre, les fonctionnaires des secteurs de l'administration publique, santé, enseignement supérieur ont répondu « favorablement » au mot d'ordre de grève. Le débrayage des fonctionnaires a atteint, à l'échelle nationale, le taux de 80%, estiment les représentants de l'intersyndicale en précisant que les fonctionnaires de l'administration publique, notamment les collectivités locales, ont, en dépit de différentes pressions de la part de l'employeur, répondu à l'appel de l'intersyndicale. M. Lemdani fait part, toutefois, de cas d'abus constatés à tous les niveaux et déplore le recours de certains responsables aux menaces de retenue sur salaire. Revenant au sit-in que devaient observer les membres de l'intersyndicale devant la chefferie du gouvernement, les représentants des fonctionnaires n'ont fait que confirmer le manque de considération à leur égard par les pouvoirs publics. « Nous avons décidé de nous adresser à la source en remettant au chef du gouvernement une motion contenant nos revendications, malheureusement les services de sécurité nous ont sommés de rebrousser chemin et de laisser notre missive au niveau du bureau d'ordre. Nous avons rejeté cette option », a expliqué M. Lemdani. Cela dénote, de l'avis de tous les représentants des syndicats, que le gouvernement ne veut pas de véritables négociations mais plutôt une pseudo rencontre et cette stratégie ne va nullement régler les problèmes des fonctionnaires qui vivent dans des conditions insoutenables. Par ailleurs, les huit syndicats ont décidé de se réunir prochainement pour décider des actions à venir, après consultation de leurs bases respectives. Les syndicats restent en outre attachés à leur plateforme de revendications qui tourne autour de la consultation des syndicats autonomes dans l'élaboration des nouveaux statuts particuliers et du régime indemnitaire. Ils exigent surtout une réévaluation du point indiciaire pour assurer des salaires décents aux travailleurs en fonction de la cherté de la vie.