En Afrique, au Moyen-Orient et dans plusieurs régions du monde, les artifices juridiques continuent de servir de moyen de répression contre la presse. Ils sont comme une épée de Damoclès qui menace de tomber à tout moment sur la tête des professionnels des médias. La liberté de la presse est menacée et l'organisation Reporters sans frontières (RSF) tire à nouveau la sonnette d'alarme. Dans son rapport annuel 2008, rendu public hier, RSF fait état de graves atteintes contre la liberté de la presse dans le monde en 2007. L'organisation craint une aggravation de la situation durant l'année en cours. C'est notamment au Maghreb et en Afrique noire que l'exercice du métier de journaliste devient de plus en plus périlleux. En Algérie, la situation n'est pas reluisante. Même avec une diminution du nombre de journalistes traînés devant les tribunaux par rapport aux années précédentes, la liberté de la presse est loin d'être préservée. « Les journalistes algériens ont bénéficié, en 2007, d'une relative accalmie. Les poursuites judiciaires et les violences n'ont pas atteint les niveaux connus précédemment », affirme RSF dans son document. Mais la liberté de la presse est-elle pour autant respectée en Algérie ? « L'absence de pluralisme dans le secteur de l'audiovisuel et les pressions indirectes subies par les professionnels des médias sont loin de le confirmer », rétorque l'organisation. Avec une dizaine de journalistes, dont le directeur de la publication du quotidien El Watan, Omar Belhouchet, déférés à la justice et condamnés à des peines plus ou moins lourdes, l'Algérie, selon le rapport, ne s'est pas débarrassée de son image de pays qui réprime les libertés de la presse. Car en dépit de « cette accalmie », d'autres moyens ont été utilisés pour maintenir la pression sur les médias algériens. Il s'agit notamment du refus des autorités de dépénaliser les délits de presse à travers l'amendement du code de l'information qui permet l'emprisonnement des journalistes. Le rapport souligne également la volonté des pouvoirs publics de contrôler même les organes de presse privés à travers la manne publicitaire. « La répartition des budgets publicitaires de l'Etat et de ses entreprises a été déléguée à l'ANEP qui tend à distribuer des fonds plus importants aux journaux proches du gouvernement », précise le rapport, en notant le refus d'octroyer des visas à des journalistes étrangers voulant réaliser des reportages dans le pays. Le document épingle les pays africains en particulier le Maroc et le Niger, où les médias souffrent « d'une répression sans complexe ». Les gouvernants africains agissent, estime RSF, sans retenue quand il s'agit de réprimer la presse. « Ce qu'ils n'osaient pas faire auparavant, les gouvernants africains le font désormais. Les barrières qu'ils n'osaient pas franchir dans la répression contre les journalistes qui dérangent sont tombées », déplore le rapport. Cette situation est, dénonce RSF, encouragée par le manque de détermination « des défenseurs officiels » des droits de l'homme, en l'occurrence l'ONU et les pays occidentaux.