Les statistiques de Freedom House font état d'un certain souci pour le Royaume-Uni en raison de la libéralisation de ses lois sur la diffamation. La liberté de la presse a reculé dans presque toutes les régions du globe en 2009, affirme, dans une étude publiée le 29 avril, l'organisation non gouvernementale, internationale Freedom House, qui se consacre à l'observation et à l'analyse des libertés démocratiques dans le monde. Intitulé «Liberté de la presse 2010: tour d'horizon de l'indépendance des médias dans le monde», le rapport de Freedom House indique que la liberté de la presse s'est dégradée pour la 8e année consécutive et qu'une personne seulement sur six réside dans un pays où la presse jouit d'une réelle liberté. Freedom House constate qu'après avoir progressé après la chute du mur de Berlin et l'effondrement du communisme en 1989, la liberté de la presse a stagné et même reculé au cours des dix dernières années. Pendant cette même période, on a assisté au développement fulgurant des médias en ligne et de la télévision par câble et par satellite. Face à une telle pléthore de possibilités de communications, il s'est avéré de plus en plus difficile d'exercer une maîtrise totale de l'actualité et des organes d'information, situation que beaucoup de gouvernements répressifs s'efforcent de surmonter. C'est ainsi que Freedom House note que l'année 2009 a été remarquable surtout pour les efforts toujours plus intenses qu'ont déployés les régimes autoritaires pour bâillonner les sources d'information. Il en résulte que l'Internet et les nouveaux médias sont devenus les nouveaux terrains de bataille des contrôles gouvernementaux. Les gouvernements répressifs tentent de circonscrire la liberté sur Internet par des poursuites en justice, par une censure directe, par la manipulation du contenu et par le harcèlement physique de blogueurs. Selon Freedom House, le gouvernement chinois, en particulier, a introduit plusieurs nouvelles formes de censure de l'Internet et «s'est maintenu parmi les premiers du monde pour ce qui est du nombre d'incarcérations de journalistes». Les attaques impunies contre des journalistes attisent toujours davantage les actes de violence contre cette profession dans les pays où la règle du droit est affaiblie, où les institutions judiciaires laissent à désirer et où il n'existe pas la volonté politique de défendre la liberté de la presse, déclare le rapport. Certains gouvernements renâclent à réformer ou à éliminer des lois visant à punir les journalistes pour des motifs tels que «l'incitation à la haine», «commentaires sur des sujets sensibles», «blasphème» ou encore «atteinte à la sécurité de l'Etat», indique Freedom House. Les bouleversements politiques font des membres de la presse des cibles évidentes de restrictions et de menaces de part et d'autre d'un conflit interne, ajoute l'association. Cette mondialisation que l'on observe de la censure fait peser des dangers toujours croissants sur la liberté d'expression et sur la liberté de la presse, poursuit-elle. Le «tourisme de la diffamation», où les plaignants se mettent en quête de juridictions où ils ont les meilleures chances d'avoir gain de cause, est devenu un sérieux problème dans certaines parties du monde. C'est ainsi que des magnats de la finance, des princes et d'autres personnes puissantes «se sont tournés de plus en plus vers les tribunaux britanniques pour museler les enquêteurs et les commentateurs», indique Freedom House. Pour ce qui est des diverses régions du monde, Freedom House estime que moins de la moitié des pays du continent américain pouvaient être notés en 2009 comme assurant une liberté totale des médias. L'association indique que Cuba et le Vénézuéla sont considérés comme des pays où le climat des médias n'est «pas libre». En revanche, la situation semble s'être améliorée dans la région Asie-Pacifique, où pourtant il existe des gouvernements bien connus pour leur répression des médias, tels ceux de la Corée du Nord et de la Birmanie. Seulement douze Etats et territoires de cette région reçoivent une mauvaise note, indique Freedom House, qui fait état d'un «niveau de liberté de la presse relativement élevé» dans l'ensemble de cette région. Une baisse des agressions et des harcèlements perpétrés contre les journalistes a conduit à une modération de l'autocensure dans certains pays, notamment en Indonésie. Le liberté de la presse n'a subi qu'un modeste déclin, voire aucun, dans les pays d'Europe centrale et orientale. La Russie demeure l'un des pays où la répression des médias reste la plus vive et la plus dangereuse. La note du Kirghizstan a baissé, tandis qu'ont remonté celles de l'Ukraine, de l'Arménie et de la Moldavie. Au Moyen-Orient, c'est en Iran que Freedom House relève la chute la plus notable de la liberté de la presse dans la région, en raison de la répression des journalistes à l'issue de l'élection présidentielle de juin 2009. L'Irak a, par contre, enregistré une amélioration relative pendant cette année où les préjugés politiques se sont atténués et que les agressions de membres de la presse ont diminué, indique Freedom House dans son étude. En Afrique, l'association a observé des déclins significatifs de la liberté de la presse. Pour la première fois depuis 1990, aucun pays d'Afrique australe n'a reçu un avis favorable. Fait surprenant, l'Afrique du Sud et la Namibie sont tombées de «libres» à «partiellement libres». Freedom House perçoit cependant une légère amélioration de la liberté de la presse au Zimbabwe, au Kenya, au Soudan et en Mauritanie. Les statistiques de Freedom House pour les pays d'Europe occidentale sont restées généralement stables. Toutefois, elle fait état d'un «certain souci pour le Royaume-Uni en raison de la libéralisation de ses lois sur la diffamation».