Inaugurée en grande pompe en 2001, la maison de jeunes située dans le quartier périphérique de Dardara (sud-est de Khemis Miliana) vit depuis près de quatre années une situation paradoxale. En effet, cet espace destiné aux jeunes et équipé au départ par la DJS de plusieurs micro-ordinateurs avait attiré alors de nombreux jeunes du quartier, mais voilà qu'entre 2003-2004, l'endroit change d'intitulé. Une autre plaque portant l'inscription « Ecole des stars de la coiffure » côtoie celle écrite en lettres dorées « Maison de jeunes ». Du coup, les jeunes de Dardara exclus se contentent de se plaindre entre eux, ne sachant à qui s'adresser. Jusqu'à ce jour, « l'Ecole des stars de la coiffure » continue à dispenser des cours de coiffure sous l'égide de l'Association des coiffeurs professionnels de la wilaya de Aïn Defla, présidée par Abdelkader Benkahal. D'après ce dernier, plus de 35 élèves (filles) et 18 (élèves garçons) diplômés du CFPA fréquentent cette structure. Ces derniers déboursent 200 DA par mois, ajoutera le président, lui-même ancien coiffeur. Ces élèves sont encadrés par une professionnelle du métier. Des concours et des défilés sont organisés de temps à autre. Dimanche dernier, les élèves attendaient leur professeur. Dans l'autre grande salle, les tables des micro-ordinateurs sont toujours là avec au-dessus des miroirs accrochés aux murs. Profitant de notre présence, des jeunes filles nous font part de leur indignation suite aux propos colportés selon lesquels cet espace est un lieu de débauche. Encore choquées par l'incident de la semaine dernière où le gardien de nuit a été pris en flagrant délit en compagnie de deux jeunes filles originaires d'une autre wilaya. Une situation qui pose le problème de la gestion de ces structures. A cela la DJS et le P/APC de la ville rétorquent que lAssociation des coiffeurs professionnels encadrent des jeunes et cela ne relève aucune contradiction avec la vocation de l'endroit. Cependant, d'aucuns se posent la question de savoir comment une association à caractère professionnelle a atterri dans une maison de jeunes au détriment des activités de jeunesse, dont la population juvénile de Dardara a un besoin immense. Dans notre entretien avec le président de l'association, ce dernier affirmera que les citoyens de la wilaya ne s'intéressent pas du tout à la coiffure. Alors pourquoi parler de haute coiffure dans cette école où les cours se déroulent sur un tableau minuscule avec de la craie ? En outre, diront d'autres sources, les diplômés du CFPA sont destinés à rejoindre directement le marché du travail. Selon le président de l'association et le P/APC de Khemis Miliana, une convention signée avec le CFPA relevant de la DJS permet d'exploiter l'endroit, ce que réfute le directeur de la Jeunesse et des Sports. Cette situation reflète selon des citoyens interrogés, le peu de crédit donné à cette catégorie vulnérable de la société par des responsables. La maison de jeunes, diront les lycéens et collégiens, permet l'accès à Internet, la lecture d'ouvrages... bref, ajouteront nos interlocuteurs, « cela nous détourne des dangers de la rue. » Pour conclure, il y a lieu de rassurer la population de ce quartier où vivent 14000 habitants qui ont vécu des moments terribles durant la décennie noire. Et que cette structure retrouvera bientôt sa vocation première, celle pour laquelle elle a été créée. Ce sont là en tout cas, les promesses et les engagements de Djamel Zebdi, directeur de la Jeunesse et des Sports et Mustapha Kabah P/APC de la ville.