« Les jeunes toxicomanes ne sont ni des délinquants, ni des malades. Ils sont victimes de l'indifférence de la société qui n'a pas su ou ne veut pas prendre en charge leurs problèmes liés à la désintégration sociale où le chômage, la pauvreté, le mal-vivre et l'oisiveté favorisent toutes les déviations parfois tragiques ». C'est du moins ce qu'a voulu expliquer Mme Zahia Kerzabi, chercheuse du groupe de recherches en anthropologie de la santé (GRAS) de l'université d'Oran Es-senia, lors de sa communication « Jeunesse et toxicomanie », faite jeudi après-midi au Centre Pierre Claverie de l'Evêché d'Oran, devant un auditoire composé de l'Evêque d'Oran, d'étudiants, d'enseignants et de représentants du mouvement associatif. En fait, cette conférence est le fruit d'une enquête menée à la demande du ministère de la Santé et de la Population par un groupe de chercheurs auprès des jeunes de la cité « Bab El-Hamra », un bidonville qui s'est constitué sur le flanc du Murdjadjo, dans le quartier des Planteurs, actuellement Haï Si Salah. Auparavant, la chercheuse a souligné que le nombre de toxicomanes recensés, c'est-à-dire pris en charge par les cellules d'écoute et les services de psychiatrie, est en nette progression, passant de 4 306 en 2006 à 4 554 en 2007 et que les services de sécurité et les agents de douane ont saisi, durant l'année écoulée, 16,5 tonnes de stupéfiants. Mme Kerzabi a informé l'assistance que sur les cinq enquêtes menées dans les quartiers de l'USTO, cités universitaires comprises, à Haï Ibn Sina (ex-Victor Hugo), dans le faubourg d'Es-Sénia et à Ras El-Aïn, les problèmes exposés par les jeunes toxicomanes sont liés surtout au chômage, à la précarité de l'habitat et à l'exclusion scolaire. « Parfois, dira-t-elle, les jeunes se plaignent de l'injustice sociale dont ils sont victimes ». Des 313 entretiens que le groupe a enregistrés auprès de ces jeunes, il ressort que la déviance commence dans les écoles, dès la 7ème année scolaire où l'enfant commence à fumer sa première cigarette. La précarité aidant, les jeunes se forment en groupe et commencent leur descente en enfer.