Sans faire dans l?alarmisme, il y a lieu de craindre le pire s?il n?y a pas une action multisectorielle sérieuse, continue et responsable pour endiguer le phénomène de la délinquance qui tend à prendre des proportions terrifiantes : pour les neuf premiers mois de l?année 2004, 36 981 personnes ont été arrêtées pour divers délits, selon une enquête de la gendarmerie. L?Algérie est, aujourd?hui, interpellée par la croissance des crimes et des vols armés. Nos jeunes se droguent et parlent de vide, de chômage, d?absence de communication familiale. Les parents évoquent la pauvreté et la cherté de la vie. Les associations signalent le peu de moyens dont elles disposent. Les pouvoirs publics avancent l?argument politique : crise économique. Pourtant, la délinquance traduit la maladie de toute la société, pas seulement celle de la famille puisqu?elle remet en cause la structure et le système social : lorsqu?un chômeur vole pour vivre, ce n?est plus une question d?éducation seulement. Le malaise est plus profond qu?on ne le croit. Faut-il donc s?arrêter à juger ces délinquants malgré eux ? La répression et la construction de prisons, de palais de justice, de centres de réinsertion sociale peuvent-elles résoudre le problème lorsque d?anciens détenus repentis confient que le chemin du retour est bourbeux ? Faut-il, peut-être, trouver une nouvelle dynamique de communication qui impliquerait tout le monde et qui aurait plus d?impact sur des jeunes emportés par les soubresauts de la modernité et de la technologie ? Faut-il aussi changer de regard, essayer de comprendre au lieu de juger, d?aller vers ces jeunes, de les écouter ? Il y a un grand risque à isoler la délinquance de son contexte social et politique. S?il y a des jeunes dans les cages d?escalier qui gênent le voisinage en étant bruyants et incivils, voleurs et trafiquants, c?est aussi parce qu?ils sont au chômage, la reprise de l?emploi ne les concerne jamais. Ce type de discours est sans doute, aujourd?hui, difficile à faire passer, car qualifié de démagogique. Il ne veut pourtant pas excuser la délinquance, mais impliquer une réalité simple : il faut changer la manière traditionnelle d?aborder la délinquance des mineurs.