“Le phénomène de la toxicomanie a connu une nette expansion d'où l'urgence de définir une stratégie future de lutte contre ce phénomène et aider par là les toxicomanes à sortir du cercle infernal des drogues”, indique le responsable de l'Office des établissements de jeunes (ODEJ) de la wilaya de Tiaret. A l'instar de nombre de structures, l'ODEJ, fort de sa solide expérience dans le domaine de la prévention à travers les caravanes de sensibilisation qui avaient sillonné l'année dernière le territoire de la wilaya, est allé à la rencontre des jeunes dans leurs établissements éducatifs et leurs quartiers. Les caravanes, composées de médecins, de psychologues et de représentants d'associations, ont recensé, lors de leur tournée, certains cas présentant des signes de toxicomanie parmi les 6535 jeunes touchés par les campagnes de sensibilisation. Cette opération a été le signe avant-coureur à une prise de conscience de nombreux parents, dont des enfants sont victimes des rets de la toxicomanie, qui ont commencé à s'intéresser aux cellules d'écoute de l'ODEJ pour trouver une solution de sauver leur progéniture de l'enfer des drogues. Selon des médecins et psychologues, la dépendance aux stupéfiants commence souvent par "sniffer des vapeurs émanant des colles avant que le jeune ne soit tenté par l'initiation aux autres substances toxiques qui peuvent l'amener jusqu'à s'injecter certains produits avant de sombrer dans la forme la plus dure de l'addiction qui, non soignée, peut devenir irréversible". Cette forme, dite poly toxicomanie, peut provoquer, disent-ils, le sida et entraîner sa victime dans la délinquance voire la criminalité pour se procurer ses doses de drogue, d'où le rapprochement de ces structures avec les jeunes, surtout les plus vulnérables d'entre eux. De l'avis de toxicomanes filmés, dans un documentaire de 26 minutes, ces déviations sont dues à la dislocation de la cellule familiale, aux mauvaises fréquentations, facteurs favorisant la chute dans l'enfer des drogues. Le Dr. Sator, médecin de l'hôpital psychiatrique de Tiaret, précise que "le regard de la société qui criminalise les toxicomanes, rend difficile la prise en charge". "Les soins que nous prodiguons à cette catégorie de patients ne peuvent pas avoir l'effet escompté, s'ils ne sont pas complétés par une action d'assistance sociale et familiale", souligne-t-il. Pour le Dr Bekki, chef de service à la Direction de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, l'âge de la majorité des toxicomanes varie entre 20 à 30 ans. "La première prise de produits stupéfiants intervient généralement entre 12 et 14 ans, âge propice à l'addiction aux drogues". Le directeur de l'Office des établissements de jeunes, Mourad Benameur, reconnaît, quant à lui, les difficultés à mener cette lutte, en dépit du diagnostic exhaustif établi. Le phénomène de la toxicomanie a connu une nette expansion "au point où il touche aujourd'hui même les établissements du cycle moyen. Cet état de fait est le résultat du manque de coordination entre les différents services de la lutte contre ces fléaux et prise en charge des jeunes à l'instar de la police, la gendarmerie nationale et les secteurs de la jeunesse et des sports, de la culture, de l'action sociale et de l'emploi, pour ne citer que ceux là", indique M.Benameur. Pour pallier ce déficit, le directeur de l'ODEJ propose la mise en place d'une commission permanente, la prise en charge, dans le cadre de cette lutte, des spécificités de la wilaya de Tiaret, qui était par le passé une zone de transit des drogues, mais qui est devenue aujourd'hui un espace de consommation. Il préconise également de rétablir le dialogue pour bannir l'incompréhension et de retisser les relations sociales. "Ceci nous a conduit à réfléchir à la mise en place d'une cellule d'assistance, externe à l'établissement, pour aller à la rencontre des jeunes toxicomanes". "Actuellement nous enregistrons près de 20 patients qui confient leurs préoccupations à la psychologue de l'ODEJ qui est à l'écoute et leur assure assistance pour faire face aux chocs émotionnels qu'ils endurent". "L'ODEJ est mobilisé pour tenter de trouver, de concert avec les autres structures, des solutions aux problèmes de ces jeunes, qui se résument généralement, au chômage et au manque de moyens de loisirs", précise M. Benameur. L'ODEJ s'active, par ailleurs, à mettre en place une ligne verte qui permettra, de recueillir les appels de détresse des toxicomanes, de leur fournir des conseils et des orientations et d'identifier les véritables causes du phénomène de la toxicomanie, note-t-on. Pour sa part, la direction de la santé met les bouchées doubles pour entamer au plus vite la réalisation d'un centre de soins pour toxicomanes, inscrit dans le cadre du programme sectoriel qui prévoit la réalisation de plus d'une trentaine de structures similaires à travers le territoire national. Ce centre de lutte contre les accoutumances aux drogues, viendra compléter les efforts fournis par l'hôpital psychiatrique de la wilaya de Tiaret, souligne-t-on. Parallèlement, les services de sécurité mènent une lutte sans merci aux trafiquants de drogue. Plusieurs jeunes interpellés dans différentes régions de la wilaya ont été trouvés en possession de quantité de kif traité. Au cours du premier trimestre 2008, ces services ont démantelé un réseau de trafiquants qui avait des ramifications dans la wilaya d'Oran. Cette opération a permis la saisie de 10 kg de kif traité, dissimulés dans le garage d'un établissement scolaire à Ain Bouchekif, 14 km à l'Est du chef-lieu de wilaya et l'interpellation d'une centaine de mis en cause, dont 25 ont été inculpés de trafic et de commerce de drogue alors que les autres se sont vus accusés de consommation de stupéfiants. La quantité de drogue saisie en 2007 à Tiaret, n'a pas dépassé les 4,5kg, note-t-on.